Tu as à peine fini de dire tout ce que tu as à dire, ou toutes les saintes pensées qui t'ont traversé, que tu plonges déjà dans une nouvelle réflexion. Tu as bien vu que Nina voulait voir à quoi ressemblent les photos que tu as prises mais tu ne comptes pas les lui montrer sans les avoir imprimés sur... quel papier déjà ? Et le cadre ? Quel cadre prendre ? Et les photos, tu les places comment dedans ?

- Hé bien… poourquoi pas, au pire des cas… on risque de se retrouver en Russie ?

Tu lui lances un regard sceptique, yeux écarquillés. Aussi soupçonneux qu'étonné et pas d'accord. Comment ça, mettre tes photos en prenant la Russie comme cadre ? Ça va pas ? C'est beaucoup trop mainstream, la Russie... Tu clignes les yeux deux secondes avant de pouffer en la voyant poursuivre dans sa tirade aussi enflammée qu'amusée. C'est toi qui débloques, elle parlait de ton don, pas de ce qui se passe dans tes pensées. T'as au moins la certitude qu'elles sont restées pensées, c'est déjà ça. Tu secoues la tête et tu l'écoutes plus attentivement, sans l'interrompre.

- Au Centre de la Terre ou dans l’espace. Dans tous les cas ça peut être une expérience très intéressante ! On peut rencontrer des martiens, des dinosaures ou de la neige !
- OH PUTAIN JE VEUX DE LA NEIGE ! T'exclames-tu, un grand sourire approbateur aux lèvres.
- Bon… je crois pas que je sois habillée pour un endroit où il neige. Je l’étais déjà pas pour un endroit où il pleut…
- Détail, détail. Dis-tu, balayant l'argument d'un "flap flap" de ta main libre.

Tu ris de bon coeur avant d'ajouter, plus sérieusement... enfin, non, tu étais déjà sérieux avant mais ce n'était juste pas le même sérieux.

- Mon don semble aimer détraquer et m'emmener dans les volcans donc niveau neige, ça va être compliqué... Et la neige volcanique c'pas comme... ben... de la neige, quoi. Termines-tu en riant, estimant que ça suffit à faire comprendre ton argument.

Tu attends toujours une réponse explicite de sa part avant de te lancer dans l'activation de ton don, priant déjà toutes les entités que tu connais pour que le trajet se déroule sans accrocs. Tu n'as vraiment pas envie de te taper un paysage imprévu de plus. Quoique, ça dépend lequel...

- Déconstitutionner…. Déconstitution… Déconstitutionnellement…. Récite-t-elle, tête penchée de côté. C’est un drôle de mot quand on y pense, encore plus que l’idée de le faire avec Chuck Norris. Pas qu’on ne pourrait pas réussir ceci dit, mais ce serait compliqué.
- Mooooh, tout est une question de préparation.

Elle te lance un regard éloquent et tu penches légèrement ta tête de côté, un sourire aux lèvres.
Oui ?

- Oh excuse-moi je m’emporte ! Il y a un truc spécial que je dois faire quand tu vas enclencher ton pouvoir ?

Tu secoues la tête sans cesser de sourire, pour lui dire qu'elle n'a pas à s'excuser. Elle s'est préparée à s'emporter, elle ne s'est pas encore emportée. Pas selon tes standards. Tu t'arrêtes un instant sur la phrase que tu viens de penser. Drôles de sens qu'elle peut prendre vu la polysémie des mots... Ah, tu es un génie Neal ! Mais tu le sais depuis longtemps. Donc, pour le plan...

- D'abord, il nous faut des tomates pour le déstabiliser sur sa taxonomie. Ensuite... une fausse constitution pour qu'il la déconstitutionne pendant que, nous, on le déconstitutionne ! Hm, trop simple, trop simple. Il nous faut un plan plus solide... Tu plisses légèrement les yeux. Tu oublies quelque chose. Sa question peut-être. Elle t'a demandé... Oh merde, pardon ! Euh j'étais... euh... en brainstorm avec mes neurones. Bref. Tu ris, ta main libre dans tes cheveux et ton attitude se fait de suite plus décontractée. D'un coup, on te donne minimum 21 ans. Grand minimum. Et non, tu n'as rien de spécial à faire ! Juste fermer les yeux, ça aide à faire passer les nausées et moins ressentir le mal des transports. Enfin, c'ma petite soeur qui le dit. Et puisqu'elle le dit, elle a raison. C'est une ange ma petite soeur ! Tu digresses - graisse -, mon petit, on se recentre.

Tu inspires posément, t'arrêtes en plein milieu d'un passage piéton - vert pour les piétons, coup de bol - sans t'en apercevoir et tu tournes ta tête vers elle, lui adressant un sourire encourageant.

- Tu es prête ?

Ta main a quitté tes cheveux pour faire un fuck à une voiture qui vous klaxonne. Le feu est vert pour vous, merde. Ah bah finalement tu as parfaitement conscience de l'endroit où tu t'es arrêté. ... p'tit douilleur, va...

Son sourire te fait automatiquement sourire et tu la laisses t'ébouriffer les cheveux en riant, faisant seulement de t'offusquer. Sa remarque, quant à elle, te fait arquer un sourcil aussi amusé que... séducteur. « Évidemment que j'suis mignon, princess*. » est ce que tu lui réponds dans un souffle aussi irrésistible que suave. Et tu t'arrêtes de manière évidente sous ses yeux écarquillés, lui demandant calmement si elle est prête. Ton majeur tendu à l'adresse d'une voiture qui redouble d'ardeur et de hargne dans ses klaxons. Pour peu, tu aurais été capable de rajouter ton autre main au type qui a fait sursauter ta princesse, totalement hermétique au fait que la situation puisse la gêner. Enfin, disons que tu es tellement sans gêne...

- O-oui.

Tu souris et, l'entourant d'un bras pour mieux l'étreindre, tu te tournes face au type qui en sort sa tête de sa voiture en te gueulant dessus. Avec un grand sourire, tu lui réponds un simple « Fuck off », ton majeur toujours dans sa direction, puis vous vous téléportez dans le Hall du Bâtiment Administratif. Vu qu'elle a pris tes conseils au sérieux, si ça l'aide tant mieux, tu embrasses tendrement le sommet de son crâne.

- On est presque arrivés, princess*. Lui murmures-tu à l'oreille.

La tenant toujours par la main, tu ne bouges pas pour autant ; tu attends qu'elle fasse le premier pas. C'est elle qui peut avoir un mal de tête ou des nausées, pas toi. Ton front dans ses cheveux, ta patience enclenchée, tu redresses ta tête en entendant une douce brise parvenir à tes oreilles.

- NEAL ESPÈCE D'ENCULÉ !

Tu soupires et jettes un regard ennuyé au type qui s'approche de toi d'une démarche furibonde. Il va pour bousculer Nina mais tu la serres plus contre toi de ton bras, ne lâchant pas sa main non plus, et tu lèves ton genou pour faire rempart et... visiblement faire mal au type. Type étant une femme en oméga que tu reconnais, c'est une première oméga qui est outrée de ne pas être la responsable du pôle danse du BdA. Se tenant la hanche, elle ancre son regard furibond dans le tien, complètement blasé et hermétique à sa douleur. Tu n'as rien à te reprocher. Le seul fait qu'elle ose mêler Nina à tout ça est suffisant pour t'irriter, même si tu es étonnamment calme. Un calme qui ne présage rien de bon mais, ça, l'autre s'en fiche. Comme d'habitude.

- C'EST COMME ÇA QUE TU T'OCCUPES DE NOTRE PÔLE ?! Pas étonnant que plus personne ne vienne en danse avec un responsable com-...
- T'es dans mon ch'min. Dégage. Murmures-tu.

Ta voix, posée, la glace et ton murmure l'interrompt comme si tu l'avais décapitée. Tu arques simplement un sourcil et, alors qu'elle va pour encore te hurler dessus, tu lèves une main, paume ferme, face à elle.

- Dé-gage.

Sinon tu la dégages d'un coup de pied. Sans. aucun. scrupule. Tu n'as pas de temps à perdre pour cette pie, qu'elle danse bien n'est pas une raison pour qu'elle pousse tout votre pôle à faire un excès de zèle. Tu passes au club une heure par jour, parfois plus parfois moins, mais tu n'as pas besoin d'un club pour danser. Tu la vois serrer les dents et s'en aller en direction des secrétariats de clubs. Tu soupires et passes une main dans tes cheveux, ta voix et ton expression s'adoucissant d'un coup.

- Désolé, elle a la rancune tenace. Donc, toujours prête pour le chocolat chaud ? Demandes-tu d'une voix enjouée.

Nina semble perdue et, la douceur revenant sur ton visage, tu t'en excuses du regard. Tout en reprenant le fil de votre conversation, tu l’observes pour voir si le moindre mal de tête ou nausée se montre à l’horizon. Tu as appris à reconnaître ces signes, chez certaines personnes il est plus latent que chez d’autres. Et il ne te semble pas qu’elle a le don d’Alix ; de toutes façons, elle n’a pas de bouteille d’eau en main. D’un sourire enjoué, tu l’emmènes donc vers le BAM en glissant un bras dans son dos pour l’accompagner. La soutenir. Par réflexe aussi, peut-être. Qu’importe le pourquoi, tu l’as fait – même si tu ne doutes pas une seconde que tu auras une crise existentielle sur le pourquoi de ce geste plus tard. Tu n’as fait que quelques pas quand le sourire, plus franc, de Nina ramène dans le tien plus de lumière.

- Alors comme ça, tu es responsable du pôle danse, j’aurai plutôt pensé à celui des arts, avec la photographie.

Tu ris de bon coeur.

- Fair point*. Commences-tu avant de laisser ton rire se finir. Je fais suffisamment de photographie grâce à mes études et mon maître, je refuse que mes autres passions ne soient pas aussi développées sous prétexte que je n’y ai pas accordé suffisamment de temps, expliques-tu avec un sourire simple. Ce serait bête, tout de même...
- Tu fais quoi comme danse ?
- Oulah !

Tu pars d’un nouveau rire, plus gêné cette fois, et passes une main dans tes cheveux. Tu fais beaucoup de danses, même si tu as toujours préféré la danse de ballet. Enfin, tu n’es pas totalement en accord avec la rigidité réglementée par cette dernière mais... tu l’apprécies tout particulièrement. Et c’est la danse qui te permet de travailler tant sur ta rigueur que ta souplesse avec le plus d’efficacité, même si c’est plus dû à ton vécu. Enfin... La main dans tes cheveux rejoint ton flanc et tu continues de marcher souplement.

- J’ai été surtout formé sur cinq danses ; danse de ballet, hip-hop, flamenco, danse orientale et pencak silat. J’en ai appris pléthore plus ou moins en auto-didacte, cela dit. La dernière en date est la danse sur glace. Sérieux, c’est génial ! C’est très libérateur pour l’équilibre, les torsions n'ont pas le même appui et ça permet pas mal de...

Tu t’interromps en soupirant, soufflant du nez comme pour avorter un rire. Tu allais encore partir dans un monologue passionné, mon p’tit... Tu pousses la porte du BAM, satisfait qu’il n’y ait personne – hormis celle qui gère le lieu à cette horaire. Ce n’est pas censé être Liyah aujourd’hui ? Un petit son amusé sort de tes lèvres closes. Sans doutes une modification de planning, rien qui ne mérite que tu t'y attardes. De toutes façons, tu as une chose plus importante à savoir... Tu plonges tes yeux dans ceux de Nina.

- Et toi, tu pratiques quelle danse, princess* ?

Le chocolat chaud peut bien attendre quelques secondes de plus, à ce stade.
Et si elle ne peut pas attendre... eh bien, toi tu peux donc tout va bien.

Nina a une excellente écoute et ne semble pas le moins du monde perturbée par le fait que tu domines largement le temps de parole avec ton monologue. En un sens tant mieux... Tu la soutiens toujours d’une main dans ton dos, par sécurité. Même si Alix s’y était fait en moins d’un mois, elle avait une solution expert que la princesse à tes côtés n’a pas. Tu souffles du nez, avortant un léger rire tout en ouvrant la porte du BAM, la lui tenant le temps qu’elle s’avance et entre puis tu plonges dans ses yeux. Et elle ne se prive visiblement pas de te rendre la pareille. Mignon. Tu détailles les améthystes qui te fixent et te rends compte après l’avoir fait que tu l’as naturellement prise en photo. Tu regardes le cliché en penchant ta tête de côté. Celui-là, tu l’accompagnes de photo où elle danse et regarde vers l’objectif et tu peux faire un rendu absolument parfait. Tu pourrais même en faire un roman photo, hm...

- Et toi, reprends-tu naturellement, tu pratiques quelle danse, princess* ?
- Oh heu... de la danse classique, je suis une ballerine.
- Oh ? Mais c’est super cool ! J’en ai fait pendant longtemps aussi !

Le sourire doux et léger qu’elle t’offre te fait sourire et tu scelles tes lèvres par la même occasion. Si elle a eu la patience de t’écouter sans t’interrompre, tu ne peux pas faire moins. Tu hoches la tête avec ferveur quand elle parle des différentes sensations que procurent la danse sur glace. Oh que oui ! Bon, pour ta part, ce qui t’a décidé n’a rien à voir avec la danse... enfin, pas directement. Tu étais juste retombé sur tes rollers, qui t’avaient accompagné une bonne partie de ton enfance. Tu les avais mis de côté à tes dix ans, les avais retrouvés à tes quinze ans. Et en parallèle, tu t’es mis à la danse sur glace. Et ça t’apporte tant de légèreté dans tes gestes ! La différence s’est fait sentir en à peine quelques mois. Tu avais un bon feedback, même s’il est bougon, maussade et râleur comme pas permis. Un ricanement t’échappe en pensant à lui et tu secoues la tête, n’ayant pas la moindre intention d’en dire plus.

- Disons qu’avoir plusieurs cordes à son arc aide à trouver son arc, d’en choisir tant le bois que la forme et de tester ce qui nous correspond le mieux. Trop de gens se cantonnent à une corde, par dépit, flemme ou lâcheté. Réponds-tu enfin, en faisant preuve d’une fermeté étonnante. Dure mais flexible, douce.

Ton regard s’adoucit et tu t’avances vers le bar pour commander poliment un chocolat chaud pour la princesse et un thé du jour pour toi et, coudes posés sur le comptoir, tu te tournes et poses ton dos contre ce dernier. C’est mieux de parler à quelqu’un en lui faisant face, voyez-vous. Tu lui offres alors un sourire lumineux.

- Et je danserai avec toi avec plaisir ! Y a pas de club de danse pour l’instant, mais le BDA a un pôle danse dont je suis responsable. Le moyen le plus sûr de danser avec moi, c’est là-bas. Et tu m’épargneras de devoir danser avec des personnes qui me cassent les couilles. Ajoutes-tu en riant allègrement. Enfin, on peut danser à d’autres occasions sans soucis ! On peut le faire là, d’ailleurs, y a de la place.

Tu ponctues ta proposition d’un clin d’oeil puis ton regard se perd quelque peu vers le haut. Alors, tu es positivement sûr que tu n’as pas répondu à un aspect de ce qu’elle t’a d-... Danse sur glace. Et pratique.

- Depuis combien je pratique quoi ? La danse sur glace, ça fait un an. Enfin, techniquement trois mais je m’y suis mis sérieusement depuis un an et des miettes. Depuis combien je pratique la danse, là… bah, depuis mes deux ans. Tu réfléchis. Ouais, c’est ça. Et je t’apprendrai ce que je sais avec plaisir, princess.

Tu lui donnes son mug de chocolat chaud en souriant et bois une gorgée de ton thé. Si elle veut s’asseoir... oh, elle le fera. Pour l’instant, t’es occupé à faire ton bg et le comptoir est le meilleur compagnon pour ça.

- Oh ? Mais c’est super cool ! J’en ai fait pendant longtemps aussi !

Tu ris doucement : pas étonnant. Tu continuas à parler, lorsque le jeune homme te répondit :

- Disons qu’avoir plusieurs cordes à son arc aide à trouver son arc, d’en choisir tant le bois que la forme et de tester ce qui nous correspond le mieux. Trop de gens se cantonnent à une corde, par dépit, flemme ou lâcheté.

Tu souris, même si une légère gêne se faisait percevoir dans ce dernier. Toi, ta corde choisie était la danse, mais c’était la seule que tu pratiquais depuis tes 5 ans. Il y avait la mode bien sûr, et la lecture, qui était venue après, mais ce n’était pas vraiment des cordes. La danse c’est ta seule vraie passion, et tu t’y étais totalement dévouée.
Avant tu avais pensé que c’était la chose la plus normale du monde, mais la manière dont en parlait Neal te faisait remettre ce fait en question.
Tu vis ensuite Neal se diriger jusqu’au bar pour commander un chocolat chaud, ton chocolat chaud, ainsi qu’un thé. Tu souris doucement et le suit jusqu’au comptoir, tandis qu’il te répondit, s’y accoudant :

- Et je danserai avec toi avec plaisir ! Y a pas de club de danse pour l’instant, mais le BDA a un pôle danse dont je suis responsable. Le moyen le plus sûr de danser avec moi, c’est là-bas. Et tu m’épargneras de devoir danser avec des personnes qui me cassent les couilles. Ajoutes-tu en riant allègrement. Enfin, on peut danser à d’autres occasions sans soucis ! On peut le faire là, d’ailleurs, y a de la place.

Tu ris doucement à son clin d’œil, prêt à l’accepter, quand tu vis que son regard était déjà autre part, perdu dans ses réflexions.
Tu étais un peu étonnée de sa réponse, quand il dit :

- Depuis combien je pratique quoi ? La danse sur glace, ça fait un an. Enfin, techniquement trois mais je m’y suis mis sérieusement depuis un an et des miettes. Depuis combien je pratique la danse, là… bah, depuis mes deux ans. Tu réfléchis. Ouais, c’est ça. Et je t’apprendrai ce que je sais avec plaisir, princess.

Tu souris, prenant doucement ton mug entre les mains :

-C’est impressionnant, tu as commencé plus tôt que moi ! Ah..Merci…

Pour beaucoup de choses, pour prendre soin de toi, pour t’avoir accompagné ici, et pour tout ce qu’il allait faire pour toi dans le futur.
Tu lui demandes alors curieuse :

-Quelle est le spectacle de danse que tu préfères ? Ou quelle musique ?

Histoire de savoir sur quoi vous pouviez danser dans cette salle.

Elle sourit beaucoup, ta princesse. Et elle dit beaucoup merci, aussi. Un sourire plus doux, léger, presque aérien, fleurit sur tes lèvres alors que tu penches légèrement ta tête de côté.

- C’est impressionnant, tu as commencé plus tôt que moi ! Ah... Merci...
- Oh, tu as commencé quand ? Et je t’en prie, princess.

Ta voix est plus douce, plus tendre, plus contrastée. Semblable, aussi étonnant que ça puisse paraître, à un arc-en-ciel. Tu la regardes, simplement, et redresses ta tête. Tu as compris le sens de son merci, ne souhaites pas en diminuer le sens en lui répliquant que c’est juste un chocolat chaud alors tu t’en abstiens. En revanche...

- Merci à nous. Ajoutes-tu d’une voix moins posée, plus enjouée.

Vous laissez quelques secondes de silence s’égrener avant qu’une lueur curieuse n’allume son regard. Hoho, I know what you mean girl... Avec un sourire en coin, tu te tais et la laisses s’exprimer. Qui sait, elle a peut-être des doléances en particulier à exprimer ?

- Quelle est le spectacle de danse que tu préfères ? Ou quelle musique ?
- Oulaaaah ! Fais-tu à nouveau en partant dans un éclat de rire. En ce moment j’écoute pas mal Earth, Wind & Fire. En terme de danse, là... j’en ai trop en tête. Ajoutes-tu en passant une main dans tes cheveux. T’as une idée, si ce n’est de l’impro ?

Et une nouvelle gorgée de thé et tu te dandines au rythme de la chanson qui passe. Que tu entends partout en ce moment, d’ailleurs. Enfin, ça s’est calmé en août mais alors en juin et juillet…

- And everyone is watching her but she’s looking at you...

C’est bon, on t’a perdu.

- Oh, tu as commencé quand ? Et je t’en prie, princess.

-Quand j’avais cinq ans.

3 ans d’écart ne pouvaient paraître rien, mais en danse, cela se voyait dans les techniques et dans la manière de les faire.
Tu es un peu surprise, ceci étant qu’il te dit :

- Merci à nous.

Tu clignes des yeux et te demande pourquoi te remercier toi ? Tu voyais bien plus de raisons de remercier Neal.
Neal a toujours un sourire sur le visage, c’est une personne solaire, en tout cas c’est comme ça que tu le représentes dans ta tête. Sûrement que quelquefois ça devait lui arriver d’être mal mais pour autant il ne le montrerait pas, parce que justement c’était …un soleil. Et mes éclipses solaires, ça n’arrive presque jamais.

A ta nouvelle question, Neal dit, tout en riant :

- Oulaaaah ! En ce moment j’écoute pas mal Earth, Wind & Fire. En terme de danse, là... j’en ai trop en tête. T’as une idée, si ce n’est de l’impro ?

Tu réfléchis, tu connaissais beaucoup de musique ancienne, typiquement casse-noisettes et tous les mélodrames de ballet, comme le lac des cygnes, odette and co…
Mais là, t’avais pas besoin de mélodrames, ça ne te ferait que te rendre de nouveau déprimée. Il y avait des musiques actuelles, plus drôle, dans les films d’animation, qui pouvait correspondre à de la danse classique : blood, sweat and tears par exemple.

-MMh pas pour l’instant.

Puis tu le vois danser au rythme de la chanson qui passe, et tu ris doucement, en le voyant joindre le chant à la danse.
Tu la fredonnas, tu n’étais pas sûre de pouvoir danser correctement. Pour cela, il aurait fallut que tu sois au calme dans ta tête et dans ton être, et ce n’était pas le cas.
Tu te laissais cependant entraîner par Neal, et te lança doucement, une fois ta boisson finie. Les mouvements étaient simples, mais on voyait que tu les maîtrisais très bien. Ils étaient fluides, rapides, et il n’y avait pas de gestes inutiles.
Franchement, à côté des chorégraphies imposées, cela pouvait être perçue comme ridicule. De toute manière, tu n’étais pas là pour une audition ou pour un concours.
Tu laissais ton regard se poser sur Neal pour l’observer danser. Lui aussi, ça devait être incroyable.

Tu la laisses réfléchir à la question mais, visiblement, c’est une colle pour elle aussi. Et puis, rester sur des musiques classiques est l’assurance de tomber sur des sujets... hm... inappropriés. Et puis, tu n’as pas vraiment envie d’écouter du classique, là. Danser classique sur une musique de death metal est quelque chose que tu aimes, en plus, alors...

-MMh pas pour l’instant. Te répond-t-elle finalement.

Tu hoches légèrement la tête, en rythme avec la musique qui pulse et chantonnes les paroles. Tu suis Nina dans ses mouvements, te permets de poser un doigt sur le sommet de la tête et voir ainsi si elle a déjà dansé en soirée. Si oui, nul doute qu’elle reconnaîtrait dans ce geste ancestral le fait de devoir tourner une fois sur elle-même. Si non... eh bien, qu’importe, tu as fait en sorte que ça rentre dans ta danse. Tes gestes sont souples, parfois amples parfois parfois minimes, parfois rapides parfois lents, mais sont tous précis. Si une torsion d’une poignet peut être lentement exécutée, ça ne t’empêche pas d’enchaîner plus rapidement deux pas de danse. L’asymétrie, vous connaissez ? En danse, tu l’adores. Vous avez suffisamment de talent pour ne pas faire de geste superflu et ça te fait sourire. C’est généralement à ce détail-là que les danseurs se font remarquer. Ce détail paraît infime... mais, qu’importe l’ego, un vrai danseur ne fait jamais de geste superflu. Et c’est pendant le troisième ou quatrième refrain que tu t’arrêtes brusquement, finissant d’une traite ton thé avant de t’adresser à la femme derrière le comptoir. Hm, voyons... Lucie, non ?

- Dis Lucie !
- Oui ? Son sourire te fait comprendre que t’as tapé dans le mile. Bénie soit ta mémoire spontanée.
- Tu peux mettre Another brick in the wall ? Les lyrics de SuperFpsFreak, un truc du genre. À partir de 1:43.
- J’te fais ça.
- Cimer !

Tu enchaînes un haussement furtif de sourcils à Nina avant de t’approcher d’elle et, quand la musique commence, tu te meus pour faire un porté. Et elle te suit. Tu la fais voltiger dans les airs au ‘cri d’aigle’ qui lance la musique en riant et la reposes au sol. Contrairement à tout à l’heure, là, tu ne te prives pas de chanter. Tu économises ton souffle et ne chantonnes pas tout. Tes gestes ne sont plus les mêmes que tout à l’heure, où tu improvisais. Nan, là c’est une chorégraphie que tu connais et ça se sent. Quand le premier refrain vient, tu décomposes volontairement les gestes et… au deuxième refrain peut-être qu’elle te suivra. Malgré ton visage plus grave, concentré, chargé d’une indignation et de révolte, ta lumière et ton sourire n’en sont que plus visibles. L’apogée est pendant le solo de guitare, où tu te permets même de faire un grand jeté et quelques pointes. Tu t’arrêtes avec précision après trois tours sur toi-même et tu ris.

- Ça t’a inspiré une idée, princess ? Lances-tu en riant, avant de prendre sa main avec une douceur qui contraste étrangement au vu de l’enthousiasme de ta voix. Tu danses hyper bien ! T’as un beau jeu de jambes. Et une manière de plier les bras très juste, aussi.