le caractère
• Impliquée ; Attentionnée ; Attentive ; Loyale ; Juste ; Sûre d'elle ; Réfléchie ; Polie ; Élégante ; Humble ; Zélée ; Déterminée ; Très câline.
• Un poil rancunière ; Insolente ; Détachée ; Impitoyable ; Inexpressive ; Légèrement paresseuse ; Un poil trop tactile pour une Japonaise.
• Elle est, a priori, laide et inhumaine. Insupportable et désolante, anormale et épuisante. Bien assez pour laisser plus d'une personne penser que son coeur n'est effectivement qu'un organe fait de glace, parfois.
Elle n'est pourtant pas cruelle, ni même méprisante. Pas plus qu'elle n'est spécifiquement dédaigneuse ou méchante. Elle est éteinte, tout simplement. Ses gestes sont aussi vides et inexpressifs que son visage et il ne lui arrive que trop rarement de sourire, lorsque ce n'est pas son petit ami qu'elle regarde. Au fond, plus personne ne sait réellement si elle vit dans un monde bien à elle, ou si elle est tout simplement dénuée de tout sentiment.
Elle est une coquille, en somme. Une enveloppe charnelle aux yeux de laquelle le monde n'a aucun réel intérêt. Ou tout du moins c'est ce que l'on pourrait penser. Elle ne regarde personne, jamais. N'accorde pas même à autrui la chance de se sentir exister à ses côtés, puisqu'elle est tout bonnement incapable de démontrer le peu de sentiments capables de la bouleverser.
Elle est passive, également. Le genre de jeunes femmes que l’on pourrait insulter sans la voir ciller. Parce qu’elle n’a aucune réelle notion de sociabilité ou de moralité, parce que pour elle, rien n’est fatalité. Alors elle avance, toujours, sans jamais se laisser écraser, autant par orgueil que parce que ses ambitions l'empêchent tout simplement de s'arrêter.
Un monstre ? Peut-être... On le lui a souvent dit. Trop souvent. Parce qu'elle est impitoyable et froide. Trop franche et totalement dépossédée de tact et d'une diplomatie qu'elle s'évertue néanmoins de travailler, pour ne pas s'attirer les foudres des plus hauts placés. Qu'on se le dise : elle est dévouée. Loyale à son devoir, à sa famille et à sa cause. Fidèle à ceux qu'elle peut aimer et farouche lorsqu'il est question de sa famille.
Mais pour aussi inhumaine qu'elle puisse paraître, elle n'en est pas moins douce et chaleureuse. Attentionnée et délicate. Ses sourires sont aussi lumineux que ses yeux, lorsqu'elle les pose sur ceux qu'elle aime et elle ne rejette jamais ceux qui lui apportent autant de calmes que de discussions qu'elle estime précieuses.
Petits plus :
► Elle ne parle pas. Ou très très très peu.
► Sa voix est très basse mais non moins étonnamment douce en dépit de son comportement.
► Elle raffole du lait à la fraise.
► Elle parle bien plus à travers ses gestes qu'avec ses mots et, de fait, est quelqu'un d'extrêmement tactile.
► Elle n'a absolument aucune gêne.
Il était une fois la vie
« Lorsque je ne serai plus là, ce sera là-bas que tu iras. »
Je n'avais jamais réellement compris. En vérité, je crois même que je n'avais jamais cherché à le faire. Les questions que je me posais s'étaient effacées de mon esprit après mon onzième été et j'avais fini par me couler, sans me battre, dans la vie inconfortable que je vivais.
De l'été à l'automne, de l'hiver au printemps ; le même cycle. Infernal et bien trop long. Je n'étais que rarement hospitalisée mais les quelques jours que j'y passais suffisaient à assommer un peu plus les rares émotions que je possédais.
Alors mon enfance s'était écoulée entre les bras de ma mère et les murs trop blancs de notre maison. Entre des écoles que j'avais hâte de quitter et l'odeur, désagréable, de l'hôpital dans lequel j'étais née.
«
C'est sûrement une maladie auto-immune, mais ni sa cause, ni son fonctionnement ne nous semblent atteignables. »
J'étais trop jeune pour comprendre alors je n'avais pas réagi.
Indifférente au regard compatissant que le médecin m'avait adressé, j'avais préféré accorder mon attention à ma mère sans réellement saisir l'ampleur de ce qu'il venait de m'annoncer.
Alors elle m'avait souri, simplement, et le brouillard dans ma tête s'était dissipé.
« Tu n'es pas malade. » m'avait-elle assurée en rentrant. « Mais tu devras faire attention. »
Je ne savais pas pourquoi. Je ne comprenais pas pourquoi. Et si je n'avais ni spécialement peur, ni la moindre envie de mieux saisir l'ampleur de ce qui m'atteignait, le regard qu'elle m'avait adressé avait suffi à me pousser à faire preuve d'une curiosité trop rare que j'avais pourtant besoin d'alléger.
« Pourquoi ? »
« Tu es comme moi. »
Sa main s'était posée sur mon coeur et elle avait glissé ses doigts de libre contre ma joue, et moi je n'avais rien pu faire, si ce n'avait été la regarder. L'océan de ses yeux avait enfermé l'azur des miens, alors la tendresse de sa voix avait chassé toutes les questions qui se réverbéraient dans mon crâne, comme à chaque fois qu'elle le faisait. Et je m'étais invitée dans le monde que sa tendresse ouvrait constamment sous mes pieds.
« C'est un peu étrange à expliquer et je n'y ai pas réellement de réponses mais... c'est un don. Un cadeau que je rêve de te voir utiliser et qui ne devrait, en aucun cas, devenir un boulet que tu te devras de traîner. Tu trouveras ta place, mon coeur, et ce corps fragile et pourtant si fort ne sera plus jamais une gêne. Je te le promets. »
Elle n'avait jamais menti. Et pourtant, cette vérité, plus qu'une autre, m'avait cruellement effrayée.
« Un don ? »
« Mh. » Elle avait hoché la tête, toute de douceur et de finesse. « Tu te rappelles de cette fois où ton verre de lait s'était brusquement congelé ? Du jour où la surface de ton bain a émis de la vapeur lorsque tu y es entrée ? Du fait que nous ayons du réguler la température de ta chambre, même au printemps ? »
« C'est pour ça aussi que Sora me dit tout le temps que mon corps est froid ? »
« Exactement, mon trésor. Le don que tu possèdes vient avec quelques contreparties et tu devras apprendre à vivre avec, mais comme je t'envie de le posséder... »
Ce n'était pas réellement de l'envie, et c'était tout ce que son regard, soudainement dépeint de mélancolie, me hurlait.
« Je t'apprendrai à l'utiliser. Je peux au moins faire ça avant de m'en aller, non ? »
«
Alors je ne veux pas apprendre. »
Mais mes mots s'étaient heurtés à mes lèvres et elle m'avait serrée dans ses bras pour chasser le doute terrifiant qui s'était répandu jusque dans mes yeux.
Elle était partie quelques temps après mes quatorze ans. Emportée par l'étreinte d'une mort qu'elle avait accueillie avec le même sourire doux que celui qu'elle laissait fendre ses lèvres, lorsque c'était mon père qu'elle regardait. Je le savais. Je m'y étais préparée. Mais la douleur était la même et j'avais cru sentir mon âme se déchirer lorsqu'elle avait gardé ses yeux clos, au moment où je l'avais touchée.« Fais attention, s'il te plaît. »
J'avais compris à son regard que ce n'était pas pour moi qu'il le disait. Que ce n'était pas par réelle inquiétude, qu'il le demandait. Que c'était pour
elle qu'il me couvait.
Parce qu'il m'en voulait. Parce qu'il ne pouvait pas m'aimer. Parce qu'il était tombé amoureux d'une femme qui n'avait rien de plus que quelques maigres années à lui donner. Parce que j'étais tout ce qu'elle lui avait laissé, tout simplement, et que, ravagé par le chagrin et la colère, il n'était capable que de se raccrocher au fait que je lui ressemblais.
Mais je ne m'en plaignais pas. Jamais. Ma vie n'était pas plus effroyable que celle de n'importe qui alors je me contentais d'opiner. Et je recommençais. Inlassablement.
De l'automne à l'hiver, du printemps à l'été, le même cycle, infernal et cruellement habituel.
Je n'étais qu'une enfant faible et fragile. Trop faible et trop fragile. Élevée par un père qui, parfois, se plaignait du fait que je ne l'écoutais pas assez.
&&&.
« Tu vas vraiment partir ? »
« Est-ce que ça te regarde, Sora ? »
C'était nonchalant et froid. Trop nonchalant et trop froid.
Ses sourcils s'étaient froncés au-dessus de l'océan anthracite de ses yeux, eux-mêmes vecteurs d'une incompréhension qui n'eut pour reflet qu'un profond désintérêt, et j'avais silencieusement bouclé mes valises en l'ignorant tandis qu'il s'agitait nerveusement à mes côtés.
« Réponds-moi. »
« Tu as déjà la réponse à cette question. »
« Alors pourquoi ? »
L'incrédulité chagrinée dans sa voix m'avait poussée à le regarder et j'avais frémi, lorsque je m'étais confrontée à l'amertume qui inondait ses yeux.
« Je n'ai aucune raison de rester ici. »
« Ta famille est ici. »
« La seule famille que j'avais est morte. »
Il n'avait rien dit de plus, et la discussion s'était close sur la porte qu'il avait claquée derrière lui en partant.
&&&.
Mon arrivée sur l'Île Corail s'était avérée aussi paisible que curieusement mouvementée. Mes examens d'entrée m'avaient certifiée une place au sein de la classe Étoile et j'avais profité des économies que ma mère m'avait laissées afin d'y payer ma place, bien consciente du fait que cette seconde enveloppe, éternellement glissée sous celle à mon nom depuis ma naissance, ne contenait que de quoi m'aider à vivre loin d'un père et d'un demi frère qui n'avaient rien de plus à m'apporter.
«
Ne leur en veux pas, mais ne les subis pas non plus, s'il te plaît. »
Et j'avais oublié ce que j'étais, sans pourtant réussir à m'en détacher.
Mon indifférence avait limité la plupart de mes contacts, avait gardé ma vie sociale presque intacte mais je ne m'en étais pas souciée. Jamais. Les années s'étaient invitées sous ma peau, et je n'étais encore que trop peu sûre de l'avenir vers lequel je me dirigeais lorsque je
l'avais rencontré. Il avait été mon premier amour et le seul chemin sur lequel je n'avais jamais hésité à avancer.
Il serait mon premier amour et la petite lueur encore ténue entre nous deux serait le dernier.
—
Petits plus (platypus) :
• elle a lu la lettre à voix haute dans sa chambre, peu après ses seize ans et a quitté la maison familiale le jour même ;
• elle a cartonné aux tests d'entrée et a pu payer sa place grâce à des sous que sa maman lui avait mis de côté ;
• elle vit seule depuis et partage simplement sa chambre, quelques fois, avec son amour - qui est accessoirement le père du petit bébé dans son ventre.