Entre gosses de riches ~ (Feat. Capucin)

L’après-midi était ensoleillée et avec beaucoup de chance libre pour Capucin. Il avait eu un cours de stylisme à rallonge dans la matinée qui l’avait passionné. Ce genre de cours où il est incapable de se canaliser, posant mille questions et voulant tout de suite mettre à l’oeuvre les remarques de son professeur. Le-dit professeur qui en avait probablement plus que marre de cet élève qui prenait toute la place et finissait pas le plus lui laisser en placer une. Capucin n’avait pas été loin de se faire mettre à la porte, la menace ayant porté ses fruits il s’était calmé et avait commencé à prendre des notes et réalisé quelques croquis.

Ce projet-ci portait sur le fait de prendre en exemple quelque chose de très précis et de s’en inspirer pour une création. Ce pouvait être un objet particulier, une personne, célébrité ou non, une plante ou quelque chose d’encore plus large comme un concept entier ou une matière comme le verre ou encore la nature elle-même. Dernière idée que Capucin avait pris comme modèle. Il ne voulait pas une plante ni une fleur en particulier, il voulait la nature toute entière.

Pas compliqué du coup n’est-ce pas? Aussitôt il s’était empressé après avoir mangé, d’aller se poser avec ses carnets au jardin botanique pour dessiner les matières qu’il y verrait. Écorces, feuilles, fleurs, tout y passait, allant jusqu’à prendre en photo avec son portable la rosée sur certaines plantes. Ca aussi il l’intégrerai à sa robe majestueuse.

Au bout d’un certain temps son attention fut détournée par un échange stérile qui ferait retourner Galilée dans sa tombe. Le pauvre gus ne démordait pas de sa théorie de terre-crêpe. Le listing d’arguments tout à fait sensés de l’étudiant qu’il avait en face ne lui n’y faisait rien.

En pointant le bout de son nez avec malice et curiosité, Capucin vit clairement ce dernier se masser les tempes. Sourire au lèvres, il n’eut pas le temps de s'incruster que le mini Galilée lançait une nouvelle réplique.


Le rire de l’Etoile se joint à celui du lanceur de punchline pour couvrir les nombreuses protestations stériles de l’Aristote moderne. Aussitôt le rouquin s’incrusta une feuille de brouillon à la main, démarche maniérée pour se poser aux côtés du sensé, faisant face à l’idiot.

— Juuuuustement! Je m’occupe des inscriptions. Toi CHUT! Eh oh, fermes-laaaaaaa-ah.

Il secouait la feuille devant le visage de l’énervé avant de la lui placarder sur le torse en levant un sourcil autoritaire.

— Allé va t’inscrire et remplir ton petit papier. Oust! Déguerpis, tu ne sers à rien!

N’attendant même pas la réponse de ce dernier maltraité, il lui tournait le dos, discussion close, pour faire face au jeune homme sensé et sensiblement fatigué lui semblait-il.

— Eh bien, eh bien… Toi… Ca ne va PAS, mais PAS DU TOUT mon chéri ~ Qu’est ce que c’est que ce style hein? Rien ne te met en valeur!

Il venait tapoter doucement et gentiment l’épaule du jeune homme en face de lui, ignorant l’autre qui était probablement parti de frustration. Grands pas claqués par ses stilettos, Capucin venait faire le tour de la silhouette prise dans ses filets.

— Tournes toi pour voir?! Tout ne semble pas perdu-hum… Mais il faudrait te trouver des vêtements qui ne semblent pas sortis du tiroir de Hagrid pitié. Une tête si bien remplie ne devrait pas être portée par un corps si peu mis en valeur...

Le panel de réactions de l’étudiant face à Capucin était digne d’un arc-en-ciel. Le rouquin pouvait le voir passer par toutes les couleurs, tous les sentiments, notant chaque détail. Les vérités n’étaient jamais agréables à entendre mais c’était loin de déranger l’étoile, il aimait les énoncer surtout quand celles-ci touchaient son domaine de prédilection: la mode. Il était même heureux d’avoir touché une corde sensible. Au moins cela voulait dire que l’étudiant s’en préoccupait et qu’il ne parlait pas dans le vide.

—  Il y a confortable et… confoooortable.

Il avait une moue en coin, venant pincer la couture du t-shirt vert à l’épaule pour réajuster le vêtement tiré et tiraillé. Pauvre tissu qui ne demandait ni à être écartelé ni critiqué. Son regard se portait également sur ce jean trop grand qui aurait mérité d’être d’une autre coupe, d’un autre bleu. Ni les couleurs ni les formes ne mettaient le garçon en valeur. Rien non plus ne criait qu’il était une catastrophe ambulante, juste un style lambda, mal choisi, mal porté, qu’on enfile en vitesse pour aller chercher son courrier.

— Rien ne cloche vraiment. Justement. Rien n'attire le regard mon grand, tu te noies dans tes vêtements, ça ne va pas DU TOUT.

Il tournait et virait toujours autour de sa proie, l’évaluant, regard satisfait des mesures mentales et notes qu’il prenait.

— Comment t’habilles-tu d’habitude alors? Quel style aimes-tu porter?

Capucin était un grand défenseur de la mode mais pas idiot non plus. Il savait que bien des personnes n’étaient pas à l’aise avec celle-ci, n’osant pas porter des pièces extraordinaires, n’osant même pas se mettre en avant. Il faisait souvent le choix, comme il l’avait fait lorsqu’il s’était battu pendant ses périodes de yoyo avec son poids, de mettre simplement en valeur un corps en le magnifiant, se servant des vêtements et de la mode comme outil. Plutôt qu’un corps qui porte des vêtements, ce seraient les vêtements qui mettraient en valeur le corps.

— Eh bien tout simplement que tu n’as rien de l’autre idiot de tout à l’heure. Regardes, tu n’es pas parti et tu m’écoutes sans te braquer. Je pense que quelques vêtements et ajustements pourraient te mettre en valeur sans avoir à tout changer. Il te suffit d’apprendre à te connaître et savoir quelles sont les tailles et coupes qu’il te faut!

Capucin souriait, satisfait de ce qu’il avait en tête et venait poser une main sur sa hanche, l’autre tapotant son menton d’un geste qui en disait long. Trop long pour que le pauvre Natsuo puisse fuir, il était trop tard maintenant, pris dans les filets du poulpe.

— Ce qu’il te faut c’est un relooking! Ça tombe bien, l'île regorge de magasins et j’ai du temps devant moi, je suis sûûûûr que toi aussi. Allons-y!

Capucin se mit à claquer dans ses mains d’un air de gamin, finissant par secouer sa main droite d’une façon maniérée, toute aussi exagérée que le ton de sa voix. C’était le début de la fin, l’héritier de Cristina Cordula était de sortie.

Les expressions et gestuelles ne passaient jamais inaperçues pour Capucin. Il ne disait rien mais notait tout dans un coin de son esprit, cernant doucement mais sûrement la personne en face de lui. Il en serait presque, non sûrement, à lui designer un style sur mesure rien qu’à ce qu’il en voyait à l’instant. L’étudiant voyait les muscles se contracter et se décontracter tour à tour, le visage se fermer pour se rouvrir l’instant d’après, il ne changeait rien à ses manières pour autant. Il était entier ou rien et tant pis pour ceux qui subissaient, il fallait fuir plus vite!

Quoi qu’il en soit, il avait fait le bon choix, c’était certain, un peu de shopping les détendraient tous les deux. Et quoi de mieux comme occupation que de fouiller des milliers de tissus à la recherche de la seconde peau parfaite?! RIEN.



— Exactement ce que je voulais entendre! Allons-y~

Il répondait du tac au tac, ne laissant pas vraiment le choix, il aurait dit non? Le réponse du rouquin aurait été pareille. En réalité il n’entendait que le oui, venant dans un sourire jauger l’étudiant en face de lui, ses yeux le parcourant. Pas de jugement, pas de regard en coin qui vous dévisage en vous faisant sentir comme un moins que rien, non. Capucin regardait Natsuo comme une feuille vierge, un point de départ neutre qu’il serait heureux de coloré au grès de ses coups de pinceaux imaginaires.

La description du style du jeune homme était justement ce à quoi s’attendait l’étudiant en mode, il l’avait deviné bien en avance et était ravi de l’entendre. C’est en lui répondant d’un rire sincère qu’il le tapota doucement à l’épaule pour l’inciter à le suivre dans les rues de Bertille afin de trouver LA boutique parfaite qu’il faudrait pour ce relooking.

— Carrément! Tu vois tu prends vite le pli. Un joli minois ne devrait pas être gâché par un manque d’esthétiqueuh ~ D’ailleurs elle cache quel nom cette frimousse? Moi c’est Capucin.

Il continuait à marcher, prenant le pas et indiquant le chemin avec assurance, sachant parfaitement où aller, il avait sa petite idée en tête alors qu’il enchaînait sur les remarques de Natsuo à propos de son style.

— Je vois! Tu ne connais rien à la mode toi. Ce n’est pas une critique attention! Juste une constatation.

Capucin secouait ses deux mains entre eux deux pour faire signe qu’aucun mal n’était pensé avant de continuer naturellement.

— Et en soi c’est une bonne chose, il vaut mieux ne pas connaître la mode car tu ne t’y intéresses pas qu’en avoir des notions complètement fausses! Crois-moi, les corriger serait un enfer, il est très dur de faire changer les gens d’avis surtout, visiiiiblemeeeeent, à propos de la forme de la terre!

Il partait d’un grand rire se remémorant les événements précédents avec le colérique complotiste.  Son regard se posait sur la devanture de la boutique de vêtements et la silhouette du rouquin faisait une petite virevolte afin de se positionner en avant, tel un chevalier servant il ouvrait la porte à son compère dans une petite courbette.

— Nous sommes arrivés! Après vous si vous le voulez bien mon très cher môsieuuuur ~

— Enchanté également monsieur jolie frimousse Natsuo Kurosaki ~

Il souriait à l'entrain de l’étudiant en train de le suivre, il était bon de le voir se détendre et profiter. Capucin était le genre de gars qui arrivait à mettre soit les autres très à l’aise tant il était sans gêne, soit à les rendre dingues. Que ce soit l’un ou l’autre c’était parfait pour lui, personne n’était indifférent au final.

— Ah bah ça… C’est certain… j’en ai vu un beau paquet, je ne peux que le déplorer. Je crois bien que le pire c’est d’avoir tort et de surtout ne pas savoir se remettre en question… Quelle plaiiiie!

Les voilà arrivés, le blondinet rentrait dans la boutique et… s’arrêtait devant les vêtements, visiblement perdu. Capucin l’avait laissé prendre de l’avance, aimant voir vers quels vêtements se dirigerait le jeune homme, instinctivement attiré vers des couleurs, des motifs ou tissus qui lui plairaient. L’étudiant en mode n’avait pas pris cette boutique au hasard. Elle proposait des vêtements casuals, assez classiques et loin d’être aussi originaux que le dressing du poulpe mais pour un étudiant discret et peu porté sur les tenues ce serait parfait. Il ne comptait pas le rendre égérie de Saint Yves mais plutôt canon tout simplement.


— Bonne question mon cher Watson !

Le nouveau Sherlock à la recherche de la tenue parfaite s’avançait, démarche digne d’un podium. Il fouillait rapidement les divers rayons pour se faire une idée, arrêté par une vendeuse très professionnelle. Elle lui proposa son aide, à la place le jeune fougeux il prit les doigts pour un baise-main de ce qu’il y a de plus réglementaire. On ne porte jamais les lèvres sur la peau bande de cochons.

— Je m’occupe de tout, Milady. Votre compagnie serait agréable cependant si vous n’avez pas mieux à faire ainsi que pourquoi pas votre avis ?

La vendeuse déroutée sourit en voyant l’idiot gentleman se relever en un sourire très sincère pour montrer son ami.

— Voilà la source de toute cette agitation, je viens trouver quelques tenues flatteuses pour mon nouvel ami Natsuo !

Il gambada très rapidement à travers les rayons pour réunir de nombreux vêtements assez simples. Quelques pantalons tous slims ou à coupe serrée pour mettre en valeur la silhouette élancée. La vendeuse le suivait, l'aidant à porter les tenues, très intriguée par les agissements de ses nouveaux clients.

Capucin prenait des chinos de couleurs sobres ainsi que des jeans bleus et noirs. Avec cela il prit des chemises et des pulls dans des tons motifs neutres, chinés, du turquoise, du bleu canard, de l’émeraude et même un beau pull col roulé rouge. Uniquement des couleurs qui mettraient en valeur le beau blond et son teint pâle.

Du coin de l'œil, Capucin ne perdait pas une miette des réactions du blondinet. Il le voyait perdu à s'accrocher aux vêtements, ne sachant que faire de ce corps, de ces pensées qui l'assaillaient très probablement. Il avait l’habitude le poulpinet, il faisait avec depuis des années. Le mot Overthinking était très probablement un de ses nombreux prénoms. Mais même avec tout ça il continuait son chemin, laissant le gars avec ses pensées et déboires. Il serait bien assez tôt pour lui de se glisser dans une nouvelle peau.

Action maladroite de se redresser, prendre un air décontracté plutôt bien feint mais pas tout à fait naturel. Il était bon acteur le Natsuo tout de même. Finalement Capucin se disait qu’il pourrait bien l’habiller plus excentrique, l’étudiant suivrait. Mais autant commencer doucement, cerner le personnage, apprendre à le connaître. Ils n'avaient pas énormément échangé jusqu’à présent en réalité et le poulpinet se demanda même si à part son nom il connaissait autre chose à propos du type qu’il avait embarqué.

Il aimait avoir raison et il semblait avoir de la culture générale et une tête bien remplie. Il n’était pas à l’aise avec la mode et aimait être à l’aise, très probablement peu habitué à être sous les projecteurs. Ce gars était la définition parfaite de l’intello qui se cherche mais Capucin voulait apprendre à connaître plus que cette image rapide qu’il avait de lui. Sans jugement, sans préjugé aucun, il se faisait une idée succincte sur des faits observés.

Le voilà qui arrivait, pile au bon moment. Quelque chose avait changé. Sa démarche. Elle avait quelque chose de différent, plus assurée, avec un but, moins hésitante et à vouloir se cacher que le type qui restait dans l’entrée un peu plus tôt, à simplement subir et regarder un poulpe envahisseur faire son cinéma avec une vendeuse intriguée.

— Ce que toi tu souhaites bien sûr ! Je ne t’ai pas kidnappé mon grand, quoi que ~

Il souriait tant qu’il pouvait, soulignant toutes les propositions dans son esprit. Voilà un homme qui sait prendre les choses en main. Capucin n’avait pas continué à parler, voyant le jeune homme regarder la vendeuse pour reprendre la parole. Il écoutait attentivement, se mettant à pouffer soudainement.

— Voilà une honnêteté bien placée ! Bien évidemment c’est le travail de la dame, elle ne voudrait pas être payée à rien faire hum? ~

Il riait toujours devant la face déconfite de la fille avec la tonne de vêtements sur les bras qui n’avait pas d’autre choix que de suivre des clients pas si agréables que ça. Il les contournait pour aller vers la cabine d’essayage la plus grande, ouvrant le rideau dans un geste théâtral. D’un bras soutenant le rideau épais, de l’autre main soulignant le chemin dans une courbette pour Natsuo.

— Et voici ce que tu vas faire mon cher ~
Venir te déshabiller ici et essayer tous vêtements que la gente dame porte pour nous. Et bien évidemment me donner ton avis, il sont pour toi, pas pour la reine d’Angleterre. Allé hop hop hop!

Il faisait signe autant à Natsuo qu’à la vendeuse. L’un se devait d’aller dans la cabine pour faire l’essayage juste après que la dame ait disposé les vêtements pour eux. La vendeuse n’était pas gourde, même si elle en avait sensiblement marre des deux garçons, elle effectuait son travail parfaitement, amenant un portant pour suspendre toutes les tenues correctement afin de ne pas les entasser et les froisser. Capucin avait ainsi à disposition assez de matière pour montrer à sa nouvelle poupée comment s’habiller.

— Regarde tout ce que tu as devant toi. Commences par choisir un pantalon chino parmi ceux-ci… de la couleur qui te plaît! Avec cela…. Pour le noir tu peux prendre toutes les couleurs de haut, pour le camel je te conseille le col roulé émeraude, pour le marron, le haut bordeaux… A toi de voir, il n’y a pas de mauvais choix!

Voilà une éloge à son bon goût qui ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd. Il n’en fallait pas plus à l’étudiant en mode pour se dresser un peu plus de fierté et lâcher un petit sourire coquin en soulignant la remarque.

— Ooooh ! Si tu me parles avec des mots si doux mon très cher Natsuo, tu risques de me faire fondre et me mettre dans ta poche, bien que ça ne me dérange pas. Je ne suis qu’un sale impertinent qui a bon goût et une tendance à se laisser corrompre !

Le compliment lui avait tant plu que pendant qu’il déambulait, sa peau se colorait malgré elle d’une teinte rosée lui donnant un air étrange de fraise tagada délavée avant de repartir aussi vite lorsqu’il décida qu’il était temps pour tout le monde de se concentrer sur les essayages. Il éclatait immédiatement de rire à entendre la répartie de la nouvelle Reine d’Angleterre-De Corral. Tout aussi vite il se plongea dans une révérence des plus élaborées comme si la sainte mère de l’île du Earlgrey et des des bus cabines se tenait devant lui. Ouais les bus cabine c’est trop cool, c’est comme une décapotable mais tellement grand que tu peux y mettre un micro appart avec toi. Comment ça il faut laisser la place à d’autres gens? Beurk! Qu’ils aillent s’acheter leurs propres bus, bande de pégus !!

— Je n’imaginais pas être ainsi en face de son altesse royale uncover… Si sa majesté veut bien alors se donner la peine d’écouter mes modiques conseils ? Peut-être que je pourrais à défaut de faire fuir sa descendance vous donner des idées afin de mettre tout cela en valeur, huuum?

Tout en lui énumérant les différentes combinaisons de tenues, Capucin réarrangeait le portant en fonction de ses dires, jetant des coups d'œil à la vendeuse dépitée. Elle avait l’air de se sentir obligée de rester et de surveiller ce théâtre d’enfants au risque de les voir bientôt s’amuser à se costumer. La dernière remarque fit naître un éclair de curiosité à travers la réorganisation intempestive du poulpe. Natsuo était loin d’un cas perdu, il pouvait avoir des bases, mais à voir de quand datait ce fameux magasine et de la véracité de ses souvenirs… S’il était de son époque du collège ils risquaient de frôler la catastrophe, le fashion faux-pas et la crise d’apoplexie du rouquin loin de se douter de la mémoire dantesque, et c’était peu dire, du blondinet.

Aussi vite dit, aussi vite brandit! Voilà que Natsuo tenait le fameux pantalon chino marron combiné avec ce joli col roulé en cachemire bordeaux qui était caché tout au bout du portant, des teintes parfaites pour cette saison, pour sa carnation et son blond clair. Ça lui donnerait une incroyable touche de peps. Déjà les méninges de Capucin tournaient à cent à l’heure, combinant chaussures, ceintures, vestes, manteaux et écharpes. Mais, mais, mais… du calme, chaque chose en son temps. Il fallait voir tout cela porté. Pour ponctuer la phrase et les mots de Natsuo, le modiste claquait des mains en rythme.

— Oui, oui et OUI ! Ça claque mon ami. Un drôle de mot mais parfait pour cet ensemble. Il apporte une belle couleur et c’est in-dé-mo-dable! Un classique! Et justement ça va raviver ta petite bouille mignonne à croquer.

Les yeux de la couleur de la mer du poulpe suivaient le trajet vers la cabine du mannequin malgré lui. Surpris de la voir ressortir le nez pour le faire sourire de toutes ses dents. Définitivement il n’avait pas l’habitude des sorties shopping et de la proximité le petit !

— Non personne ne rentre, promis ~

Appuyé d’un clin d'œil, il invitait Natsuo à se déshabiller pour lancer les essayages. Profitant de cette courte pause, Capucin abandonna sa veste, son chapeau ainsi que son sac à bandoulière sur un fauteuil dans la zone des cabines avant de se diriger d’un pas de cabri vers les vestes. Oh le beau trench coat à motif tartan! Aussi vite aperçu, aussi vite enfilé. Le tout dernier modèle de trench qui se modèle en cape tout en s’ajustant au besoin à la taille. Une Mer-vei-lle! Capucin se dandinait devant le miroir dans le coin des cabines d'essayages sous le dépit de la vendeuse.



Qu’elle était gênée la dame, bah alors elle n’avait jamais vu personne porter autre chose qu’un pauvre pull noir et un blue jean barbant? Capucin risquait-il selon elle de perdre ses parties s’il restait trop longtemps affublé de ce tissu? Ah diantre !!

— Et alors ma chère? Dois-je justifier de mon genre et me balader nu comme un ver pour prouver ou non que j’ai le droit de revêtir un vêtement plus qu’un autre? Quelle étroitesse d’esprit navrante !