Capupute de la Sainte dentelle d'Auriot vous regarde du haut de son rocher - Capucin Esmond Guilain d'Auriot

Ce jeune homme a inventé la métamorphose, pourquoi? Parce qu'il a beau être un poulpe, il est aussi une vraie tête de cochon. Poulpinet qui a grandi, on peut le dire, dans une bulle au milieu d’un océan de quiétude. Pas de surprises, pas de grands drames, rien de particulier. Cet environnement l’a poussé à être exigeant avec la vie, a toujours vouloir que les choses se déroulent bien, à toujours vouloir que tout arrive facilement.

Pourquoi en serait-il autrement? Il en a toujours été ainsi.

Alors Capucin, il est un peu naïf. Il ne comprendra pas pourquoi les gens trouvent la vie si compliquééééééeuh ou si dificiiiile. Il va tous vous prendre pour des incapables, des chouineurs, des faiblards. Pourquoi ne réglez vous pas vos problèmes avec un peu d’argent? QUOI?! Vous n’en n’avez pas?! Mais comment ça?

Petit gamin riche a qui on a tout donné, tout promis, trop promis. Même jusqu’à la tête de l’entreprise familiale quand il sera en âge. Sauf que le poulpe n’en a rien à faire, il fait sa voie, fait son chemin et peu lui importe. Si vous n’êtes pas avec lui, il vous balaie d’un revers de main pour passer à autre chose. Pourquoi s’ennuyer de babillages idiots si vous ne faites que l’ennuyer?

Mais parfois Capucin, il est changeant. Ça aussi ça vient avec sa nature. Il a trois cœurs, mais pas trois fois plus d’amour. Il vous rirait au nez d’un truc aussi niais. Trois cœurs pour trois personnalités. Un principal, beau, gros et palpitant qui pulse pour sa personnalité principale. Celle que tout le monde voit, l’extravagant, le Capucin sûr de lui, trop sûr même. Celui que rien n’arrête et à qui aucun déboire n’arrive, pour cause, il retournera toutes les situations à son avantage avec ses mots bien placés et sa voix trop guindée et haut perchée.

Ses personnalités secondaires sont plus rares. Parfois vous l’aurez particulièrement aigre, tranchant et acerbe. Lassé de toutes ces remarques, de toutes ces questions et surtout de toute la pression qu’il subit. Il joue peut être aux naïfs mais il est loin d’être idiot. Il apprend vite, tout, et retient le moindre détail, pour autant il ne fera pas montre d’un changement perceptible. Il garde son masque, cachant son jeu pour lui, laissant les autres le juger trop vite pour venir les cueillir par la suite d'étonnement avec son sourire narquois.

Son autre personnalité mineure est encore plus rare à voir. Elle ne pointe le bout de son nez que quand monsieur Poulpe (pas le grand brun qui fait des vidéos, le petit roux chiant ici) est vraiment à l’aise. Ça n'arrive que quand il est seul et dans un lieu serein, au milieu des flots, chez lui dans son bain au chaud, ou avec quelqu’un en qui il a une confiance sans bornes. Sa voix changera du tout au tout. Plus de ton hautain, plus de timbre perché. Il aura l'intonation grave, profonde et lente. Les gestes mesurés, l’attitude posée. Il aimera les discussions posées et apprendre autant que questionner.

Adroit Aime autant commander que la compétition, c’est toujours stimulant et au moins les choses seront bien mieux faites sous ses ordres Ambitieux, il veut devenir le styliste le plus novateur et reconnu de tous les temps Appliqué dans ses études et ses devoirs, rien ne le distrait Arrogant et audacieux Astucieux, créatif et habile, il fait tout à partir de rien Attentif et observateur, il remarquera le moindre détail et s’en souviendra toute sa vie durant Autonome et indépendant Avare, il ne vous donnera jamais RIEN Borné, incroyablement borné. C’est lui qui a raison point Brillant, intelligent, novateur, pas pour rien qu’il brille de mille feux en étoile Capricieux, digne de l’enfant gâté qu’il est Capable de s’adapter facilement et rapidement Chieur, quand il n’a pas ce qu’il veut Cultivé et intelligent Direct et franc, il vous dira les choses le plus souvent sans filtres Élégant, le style partout tout le temps Excentrique dans ses tenues depuis qu’il a enterré ses costumes gris et noirs avec mamie furoncle Extraverti Fatiguant, avec son énergie, sa voix insupportable et sa présence Fidèle une fois qu’il s’est attaché il vous défendra contre vents et marrées même si vous êtes en tort Fier, de ce qu’il est, de sa famille, de sa richesse, sa position, de tout ce qui le concerne en somme Gourmand, trop… ça lui pose de trop nombreux problèmes de poids Gracieux et rapide autant sur terre que dans les eaux Parfois (souvent) hautain et prétentieux Immature et impatient dans bien des cas Intuitif Irrésistible, avouez qu’il a tout du gendre parfait Jaloux, à lui pas aux autres ! Maniaque et méthodique, chaque chose à sa place, chaque place a sa chose Naïf, il ne connaît rien de la “vrai” vie Ouvert et tolérant, il vous acceptera même si vous n’êtes pas riche Passionné rapidement par ce qui l'intéresse y compris vos derniers déboires (il a un plaisir coupable à écouter les rumeurs) Persévérant, il trouvera toujours une solution Peureux voire carrément phobique quand il s'agit de la cuisine marine. Il évite autant que possible de s'approcher d'un resto japonais en faisant des cauchemars pour des jours ensuite Soucieux quant à son apparence lors de ses phases de prise de poids même s’il fait tout pour le cacher Sûr de lui le reste du temps Travailleur, il bossera vite et bien et ne laissera traîner aucun devoir plus que nécessaire

Pour Capucin, la métaphore de la cuillère en argent ou en or dans le bec dès la naissance n’en est pas une, clairement. Lui il n’est pas à plaindre. Il n’a pas vécu d’incroyables et folles aventures, n’a pas souffert le martyr, rien. Il a eu une “petite” vie pépère depuis le début. RAS. Rien à signaler. Vous l’aurez sûrement deviné à son patronyme à rallonge, il roule sur l’or, se vautre dedans, rembourre ses coussins avec, bref il en a trop. Pour la faire courte, car à part lui, dans sa famille personne n’aime se vanter, ladite famille en question puise ses origines loin, très loin. Depuis les premiers marchands français de l’époque étrusque, donc bien avant la naissance de Saint Jean Charles Eude et sa maman Marie Antoinette. Non pas cette Marie Antoinette là, elle n’a pas perdu la tête ni sa virginité, elle.

Les d’Auriot viennent du sud de la France, à l’époque où celle-ci ne portait même pas ce nom. Ils avaient aidé une petite ville nommée Massalia à prospérer avec l’import - export de coton. Le temps passant, le marché florissant et la nécessité constante d’étoffes leur avait permis de grandir en notoriété et proposer des produits de plus en plus luxueux. Business allant de père en fils, la famille d’Auriot se trouvait être de bons marins à l’origine pour finir sédentaires à simplement vendre leurs marchandises, délégant la navigation à d’autres. C’est ainsi que les premiers poulpes de terre apparurent.

Famille de dotés ayant une affinité extraordinaire avec l’eau, seulement les hommes avaient en plus la capacité de se transformer en animal marin, principalement des poulpes, pieuvres et autres céphalopodes. Leur nature avait d’ailleurs bien aidé la famille d’Auriot à se faire une place parmi les meilleurs navigateurs puis les marchands les plus respectés. Les années, décennies et siècles passant, la lignée s’agrandit et leur commerce aussi les rendant riches, bien plus riches que Crésus lui même. Ils avaient l’âme aux affaires rondement menées, au commerce bien fait. Le coton s'étendit à toutes les étoffes, mais toujours plus qualitatives, riches, rares, des meilleures manufactures ou les plus pures, biologiques, il y en avait pour tous à partir du moment où votre bourse résonnait assez. Les d’Auriot entrèrent dans le XXIème siècle avec un partenariat solide: ils fourniraient toutes les grandes Maisons, tous les grands noms de la mode.

C’est dans cette conjoncture très favorable que naquit notre petit Capucin Esmond Guilain. Enfant choyé par sa mère qui le traînait partout, lui offrant les meilleures écoles, les meilleurs instructeurs et les meilleures activités. Elle était une fille d’Auriot, dotée seulement d’une aisance incroyable avec l’eau, elle n’avait pas la chance de connaître la transformation comme son père. Elle se mit alors en tête d’éduquer le petit comme une perle rare, un moyen d’accéder à la place qu’elle aurait voulu dans la famille, vivant cette vie à travers lui. Rien de cruel ni de bien méchant, les espoirs étaient fondés et Capucin adorait ses cours, apprenant avec la rapidité étonnante des octopus, démontrant sa débrouillardise et sa curiosité à chaque occasion. Il ne se plaignait jamais pour la bonne raison qu’il n’avait aucune raison de le faire. Gamin de bonne foi, il avait vite compris le manège de sa mère. Grandissant pour prendre la suite de l’affaire familiale et y participer activement, il avait découvert les aspects les moins glorieux que d'être un garçon d’Auriot. Les premiers poils à raser, la voix qui mue vous rendent ridicule et la fluctuation du poids. Ce dernier souci était causé par sa nature marine, problème purement masculin chez la famille. Les Céphalopodes engrangent la moitié de l’année des réserves pour ensuite naturellement les perdre.

Beaucoup d’hommes d’Auriot devenaient athlétiques et savants des calories quand Capucin se vautrait dans la nourriture sans vergogne ne se doutant aucunement des conséquences. Il eut des problèmes de poids depuis tout jeune et peinait à se restreindre durant ses périodes de creux. Tous les six mois il prenait entre deux à trois tailles de vêtement pour les perdre naturellement quelques semaines plus tard. Vinrent les brimades et critiques que son fort caractère écartait violemment par des mots acerbes. Les remarques piquaient juste cependant, et au fond l’enfant réfléchissait à mieux. Comment avoir le beurre, l’argent du beurre et le fessier de la crémière (ou du crémier il n’était pas difficile)?

A ses quatorze ans, il avait décidé de se servir dans le stock d’étoffes familiales pour se créer mille et unes tenues puisqu'aucunes jusque-là ne le mettait assez en valeur à travers ses changements.  Coupant, sculptant, se servant et cousant sans honte et sans un regard pour les dépenses et dommages engendrés. L’adolescent se moquait de toutes les conséquences. Les conséquoiiii? Consécration? Oui tout à fait. Il n’attendait que ça, la consécration à chacun de ses défilés, se pavanant dans des tenues excentriques et saugrenues. Fini pour lui le petit costume triste sur mesure. Il en avait marre des tailleurs anglais ou italiens, marre des mètres ruban que d’autres tiraient sur lui. Il envoyait bouler tous ces gens et réquisitionnait un mannequin à sa taille pour réaliser chacune de ses tenues pour chacun des mois de l’année. Pied de nez aux critiques, il ne se pavanait que plus se moquant des gueux ignares sur ses talons avançant à grands pas dans la vie.  

Ce fonctionnement dura deux ans sous les yeux aux ciel des aînés prenant ce comportement pour une lubie et les piaillements admiratifs de maman d’Auriot. Deux ans jusqu’à ce qu’un beau jour son magnifique kimono qu’il était en train de coudre ne se couvre d’un jet d’encre opaque sous le coup d’un éternuement surprise. S’ensuivit la première transformation de l’enfant devenu grand. Humain devenant poulpe à anneaux bleus. Une demi surprise, il savait que ce jour arriverait mais ne pouvait pas prévoir quand il subirait cela. Eh bien c’était chose faite! Le voilà à gambader dans son bureau de couture, joueur à tester ses nouvelles ventouses et sa taille minuscule. Sautant et courant du bout de ses huit tentacules pour jouer à être ce super héros génial. Mieux que Batman, mieux que Spiderman… Poulpiman!

Poulpiman il n’est pas très doué tout de même. Négligeant qu’il avait un besoin vital d’eau… Il oublia bien trop vite de s’hydrater et tomba au bout d’une heure dans les vapes. Maman poule (-poulpe?) le trouva nu comme un ver évanoui à côté d’un kimono renversé, une lettre à la main qu’elle ne pouvait voir. Elle aspergea généreusement le pâmé pour le réveiller et accessoirement le sauver, le pli miraculeusement sauvé des eaux par on ne sait quelle magie.

La suite vous la connaissez, il en est de même pour tous les dotés de la terre. Notre petit poulpichou a choisi Merille comme suite à sa vie, trouvant la méthode de la lettre bien trop élégante et drôle pour être ignorée. Choisir son école par ses résultats et sa sécurité voire ses options? Quelle est cette hérésie? Il est bien plus naturel d’en regarder son taux d’humour et de décalage. Il passa les examens haut la main et créa un beau conflit familial avant de se carapater sur l’île, sauvé par un mystérieux train magique. C’est à dire que monsieur Capucin Esmond Guilain d'Auriot n’avait pas choisi d’aller suivre le cursus des affaires internationales ou du commerce ou une autre filière barbante du même genre. Monsieur Capucin avait fait une magnifique et insolente révérence à sa famille une fois sa scolarité financée en totalité lui permettant, conjointement à ses résultats, d’accéder à son statut d’étoile. Le gamin de seize ans avait fait un pied de nez en modifiant sa filière au dernier instant pour suivre SA voie. Celle d’un futur créateur de mode, d’un designer talentueux dont le nom effacerait tous ses prédécesseurs. Toutes les maisons s’arracheraient ses talents, ce serait sûr. Ce qui était également sûr, c’est que depuis le train il entendait encore ses grands père hurler à l'infamie de ses bêtises.

Le voilà maintenant depuis deux années sur l’île à en tester les moindres recoins et à insupporter ses moindres habitants. Il excelle toujours dans ses résultats, se passionnant pour son apprentissage. Mais Capucin a un problème de taille. Il n’a pas l’armoire de ses rêves… il n’a pas assez de place! Bien évidemment aucun de ses voisins de chambre ne le laisse faire quand il tente d’abattre des cloisons pour accéder à leur espace ou carrément s’inviter chez eux comme s’il entrait dans un débarras annexe à sa chambre. Quels sont ces étudiants malpolis?! Arrivera-t-il à régler son problème de taille? Trouvera-t-il quelqu’un pour le supporter? Réussira-t-il à agrandir son dressing et exploiter un pauvre étoile? Vous saurez tout ça dans le prochain épisode de “Capupute fait son nid à Merille” !