♪ I thought I was dreaming But some girls are screaming And my face is streaming blood as well ♪
Le frottement des roues cessaient un court instant. Silhouette élancée levant ses émeraudes devant le long couloir qui s'offrait à elle. Ainsi débutait son premier jours en les murs de cette drôle d'académie et tout ce que le jeune dragon en retenait n'était point glorieux. Il n'aimait guère juger sur un simple coup d'oeil mais que voulez-vous ? Ces âmes étaient pages à ses yeux ; contes lui scandant les journées et nuits de toute une île. Pour tout dire, il se sentait un peu dépaysé. Le jeune homme laissait son regard courir le long des murs, détaillant chaque faciès qui lui passait sous le nez. Colonne de marbre ne bougeant point aux diverses bousculades qu'elle subissait. Il était juste là. Planton au milieu de la foule, une moue perdue pendue sur les traits.
Cela lui courrait encore en tête. Ces derniers échanges. Ces derniers moments. Scolarité brusquement stoppée pour venir ici. Parce qu'ils ne pouvaient plus de lui. Parce qu'il était échec et honte sur des générations. Ses mains venaient enserrer les longues manches de son pull, portant celles-ci à ses joues pour légèrement se les claquer. Ce n'était pas le moment de se laisser emporter par tout ceci. C'était loin derrière lui, à présent. Du moins, du mieux qu'il pouvait ; il essayait. Que de se convaincre que ces derniers moments ; ces dernières traces sur sa personne n'en furent pas si récente. Un frisson de dégoût le traversa, forçant son corps à se remettre en quête de son numéro de chambre. Après avoir déambulé tel Astérix, valises derrière lui pendant des heures à bord des galères administratives, le jeune dragon venait enfin de trouver son étage. Que cela était... Petit. Si petit. Lui qui n'avait que connu le Domaine des Berkeley. Le voici qui passait à une humble académie ; le voici qui endossait le rôle de monsieur et madame tout le monde. Cela lui manquerait-il ? Tout ce confort qu'il a toujours eu ? Nullement.
Puis elles revenaient, ces nuits. En forêt, en montagne, protégé par ses écailles à échanger ses arias avec l'astre nocturne. Il était bien mieux dehors, loin de tous. Seul avec Mère Terre et ses trésors. Bien mieux. Tout ce monde lui donnait assurément le tournis, vissant à nouveau son casque sur ses oreilles.
♫ Take your fight outside Don't want any trouble in here ♫
Ah, les notes défilaient bien vite quand il se retirait dans son esprit. Et ses jambes le guidaient sans rechigner le long des murs ; prunelles cherchant pour le numéro 13. Était-ce là un signe ? Que lui voulait l'Univers, à lui balancer de telles futilités ? Il savait parfaitement les interpréter. Comprendre que cette première journée ne serait pas sous le signe de la bienveillance. Néanmoins, que pouvait-il lui arriver de mal ? Il n'allait que déposer ses affaires dans sa chambre attitrée. N'allait que la découvrir. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Remontant lentement sa capuche - celle-ci munie de trous pour ses cornes -, la tête corbeau en profitait à toiser la cohue de sa grande taille. Si ses cornes n'attiraient plus tant l'attention, sa taille prenait jovialement le relais, braquant sur sa personne quelques regards curieux.
Quelques foulées plus loin se dessinait la porte tant convoitée. Se courbant d'un geste lent pour en saisir les clefs qui étaient au fond de sa poche, une ombre interceptait son regard. Silhouette alezane, merveilleusement vêtue. Il y reconnaissait là une personne avec un goût et une compréhension des codes vestimentaires pointus. Si sa figure paraissait désintéressée au premier abord... Pourquoi cette caisse à outils maladroitement camouflée derrière lui ? Était-ce là des talons ? Naturellement son attention s'était toute retrouvée accaparée par la silhouette élancée qui se tenait dans son dos. Il était bien rare de voir d'autres âmes porter des talons outre lui-même. Un sourire doux venait fendre ses lèvres, ses pupilles sautant tout naturellement sur ses propres bottes à talons dont ceux-ci d'un vert néon faisaient mouche.
Serait-il gêné ? Qu'il le lorgne ainsi, bras ballants, clef coincée dans la serrure ? Qu'il s'y voyait déjà avec ses carnets à dessiner et composer différentes tenues pour ce trublion ? Sans foncièrement poser le doigt dessus, le jeune homme roux l'intriguait. Sortait des sentiers battus. Et à la fois ne cessait de faire crier son intuition qu'une chose n'allait pas. Inspire Vail, inspire. Il ne t'arrivera rien. N'est-ce pas ?
Localisation : Dans ton dressing à prendre des mesures
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Mar 19 Jan - 2:48
Valérie Damipoulpe a du style mon chou.
De longs couloirs luxueux, juste assez bien chauffés pour rendre le lieu agréable sans être étouffant, des portes en bois ouvragé recelant des chambres aussi diverses que les étudiants Étoile y résidant. Le décor est planté. La scène installée. Voici les que les personnages arrivent, un enchaînement de visage plus ou moins connus, plus ou moins intéressant… Le va et vient est constant en ce lieu, chacun a des horaires particuliers et il est rare à part en pleine nuit, et encore, d’y voir de l’agitation. Il avait beau avoir eu deux années et quelques mois pour s’habituer à son étage, Capucin n’en était pas moins un éternel insatisfait.
— Trop petit ! Étriqué ! Comment voulez-vous faire quoi que ce soit dans pareil cagibi ! C’est une honte… Que les autres y vivent, grand bien leur fasse! Ha! Trou à rats ! Souricière ! Comment voulez-vous respirer dans un placard à balais ?!
Les vêtement fusaient, tissus glissant des cintres sous les exclamations de l’étudiant insatisfait et colérique. La crise habituelle du bambin qui n’a pas eu son dernier jouet comme demandé. Il avait bien essayé une énième fois d’étendre son domaine à d’autres chambres mais les malotrus l’avaient fichu dehors.
— Bande de buses incapabl-han !
Et voilà que ses manières exagérées revenaient tant les nerfs se pinçaient. Les yeux du rouquin venaient à quitter son dressing “minuscule”, dressing qui pourtant prenait tout un mur de sa chambre. Mur conséquent et traversant qui séparait son espace à vivre de sa chambre à couché… long de cinq mètres où vêtements, échantillons de tissus et rouleaux étaient parfaitement rangés et ordonnés. Seule une porte coulissante venaient dépareiller cet enchaînement d’étoffes.
Il regrettait instantanément ces quelques phrases. Pas qu’il ne les pensait pas, plutôt qu’elles l’avait distrait de ses précieux habits touchant le sol au lieux d’être parfaitement suspendus face à lui. Dans un soupir il remettait en un tour de main l’ensemble, habillant enfin son fessier dénudé pour aller accomplir sa mission.
Son objectif serait, ni plus ni moins, de surveiller le couloir. La rumeur disait qu’il aurait enfin un voisin. Enfin. La chambre juste en face de la sienne, la 13. Vide depuis un moment déjà, elle était l’endroit par-fait pour y créer son dressing. Il manquait cruellement de place et ses nombreuses tenues en pâtissaient. Elles méritaient une pièce à elles comme avant, comme dans le gigantesque manoir des d’Auriot. Et ne parlons même pas de la collection incalculable de chaussures de Capucin.
Aujourd’hui, paré de talons écaillés, bottines noires aux reflets argentés, il arborait un pantalon cigarette fluide d’un blanc pur. Pour la moitié inférieure de son corps on le prendrait pour une femme si on a l’esprit étriqué. Capucin n’aime pas se restreindre aux vêtements d’un seul genre. Pourquoi perdre autant de possibilités? Il avait rehaussé d’une chemise à motifs jungle verte émeraude rentrée en french tuck marquant sa taille fine. Le tout couronné par une veste de costume blanche oversize tombant de ses épaules pour couvrir ses bras et ses mains aux ongles argentés parfaitement manucurés. Il arborait le parfait habit pour rester discret non? Non.
Fin prêt pour son tour de garde, il avait traîné une petite caisse à outils avec lui dans le couloir afin d’être paré à toutes éventualités. Surtout à celle où un bel étudiant naïf viendrait à ouvrir cette chambre, lui permettant de s’y installer. Le paramètre étudiant nouveau venu? Très peu pour lui. Zou! Ouste! Dehors! Le voilà, cheveux attachés en queue basse, lunettes de soleil sur la tête à attendre patiemment dans le couloir, épaule contre le mur à pianoter sur son téléphone.
Un cliquetis de clés attira son attention, levant les yeux en rangeant son appareil dans sa poche, il ne se gêna pas pour détailler la silhouette face à lui. Et quelle silhouette! Il en avait pour son argent, tant qu’il en ait qui mériterait d’être dépensé pour ce bel inconnu. Au travers des yeux du poulpinet humain on pouvait voir un beau cornu qui l’avait remarqué. Un timide à se cacher derrière ses lunettes peut-être? Capucin le détaillait d’autant plus que sa tenue lui plaisait particulièrement. La capuche retenait son attention, les broderies aussi, l’ensemble était harmonieux tout en criant richesse. De beaux tissus, une belle coupe… Tout espoir en la mode et la jeune génération n’était pas perdu!
Les yeux de l’inconnu qui allaient et venaient entre leurs chaussures respectives arrachèrent un sourire de surprise à Capucin. Une agréable surprise de constater qu’il n’était donc pas le seul déjanté à vouloir toucher le ciel avec ses petits petons rehaussés. Un vert néon qui claquait aux yeux, attirant son regard sur le visage du nouvel étudiant dont les iris matchaient parfaitement avec ce coloris. Un bel étranger qui avait réussi l’exploit de détourner l’attention du poulpe envahisseur pour de longues secondes.
Il reprenait ses esprits rapidement, aussi vite qu’il attrapait sa caisse à outils pour se diriger vers la porte de sa nouvelle chambre-dressing. Prenant la clé en main pour la tourner, il ouvrit prestement la porte révélant une chambre étonnement similaire ou presque à la sienne. Les dispositions des espaces étant pratiques et bien faites, il entra sans aucune gène. Plantant l’inconnu derrière lui sans un mot pour lâcher sa caisse sur la table basse et y chercher un mètre à mesurer. Peut être pourrait-il essayer d’être multitâche et d’allier travaux avec politesse?
— Bienvenue à Merille Adonys. Je te présente mon dressing. L’académie a bien voulu, vuuuu ton arrivééée tardive... te laisser occuper un coin de cette pièce. Ça ne m’enchante pas... mais! Bah! J’ai bon coeur. Fais comme chez toi tant que tu ne touches pas à mes affaires ~
Il tortillait des fesses en parlant, tandis qu’il cherchait désespérément son mètre. Phrase finie, mètre trouvé. Il gambadait aussitôt vers le plus grand mur de la pièce afin de le mesurer tout en lançant un clin d'œil au cornu mignon.
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Jeu 21 Jan - 17:48
Everyone has this universal understanding of roommate drama.
Que venait-il de se passer ? A peine avais-tu détourné le regard, desserré ton emprise de la clef de la chambre qu'il avait disparu.
Inconnu paré d'argent s'envolant en un clignement de paupières. Tu restais un instant coi, ne sachant que dire ou faire. C'étaient tes premiers jours et déjà ton intuition bardait ton mental d'immenses panneaux rouges vifs que cette situation « puait du cul ». Si le jeune homme roux accaparait ton regard de sa gestuelle exagérée et par ses manières, il s'accaparait aussi ton espace. Ta chambre.
TA chambre.
A toi, Vail.
Et lui, disait que c'était là son dressing. Bien sûr, bien sûr. Pour qui te prenait-il ?
Était-ce une convention dans ce lieu d'olibrius ? Les chambres multi-fonctions où leurs meilleurs éléments s'entassent et se répartissent celles-ci à la Hunger Games ? Tu n'étais pas venu pour cela, clairement pas. Un léger soupir passait la barrière de ses lèvres, se décidant enfin à décoller ses talons de l'entrée pour pénétrer l'immense pièce. Quelle ne fût pas sa surprise de constater que celle-ci était déjà aménagée et ce, de la façon qu'il aurait imaginée s'il avait pu. Gardant un oeil sur Valérie qui prenait toutes les mesures pour son dressing, tu entreprenais un rapide tour de ta nouvelle tanière. Tu n'avais pas emmené « grand chose » avec toi. A peine quelques valises, cinq ou six. Dont plus de la moitié comptait tes vêtements et ton trésor. Tes pierres. Cette collection à n'en plus finir que tu avais amassé durant tes jeunes années. Un sourire fin vint étirer tes commissures, tes émeraudes lorgnant le diamant qui se trouvait autour de ton poignet. Ah... Tu comprenais mieux pourquoi il avait tant insisté pour venir avec toi aujourd'hui. Courage, changements, nouveau départ et nouvelle vie. Était-ce donc cela que tu voulais lui dire, Diamant ?
« J'ai rarement vu Bob le bricoleur faisant les Reines du shopping... Ils ont élargi leur champ de sélection ? »
Lâchais-tu nonchalamment à la tête rousse qui visiblement trop ravie d'avoir son dressing avait aussitôt oublié et ta présence et... Le fait que tu étais chez toi, ici. Certes, tu étais pas à ton aise. Certes, tu avais déjà dessiné trente -six scénarios où les choses tourneraient au vinaigre. Certes, cette angoisse de fond te plombait mais allais-tu pour autant le montrer ? Jamais, au grand jamais. Tes traits étaient aussi détendus que le string d'une grand-mère qui errait dans les tréfonds de ses tiroirs depuis 1708. Rien que cela. Oui, oui.
« Et pourquoi Adonys ? Ai-je donc une tête à mettre le feu ? Et quand bien même je doute que cette histoire de dressing soit vraie... Cette chambre est mienne et tu as la tienne, n'est-ce pas ? Je doute que quelqu'un comme toi manque de moyens et de place. »
Léger soupir retenu tandis que tu venais calmement saisir la caisse à outils pour la déposer dans le couloir, prenant la place libérée pour y déposer l'une de tes valises. Tu faisais un dernier tour d'horizon du regard, réfléchissant peu à peu à l'organisation de ton nouveau territoire. Toi aussi, tu avais besoin d'un dressing conséquent. Tant pour tes créations que tes propres vêtements. La tête rousse, elle ne semblait pas bien méchante - quoique un peu flippante et cheloue mais cela ne te dérangeait guère - et il était hors de question que tu lui alloues une partie de ton dressing. Tu devais aussi y ranger tes tissus recyclés et ceux un peu plus... Précieux qui devaient bien coûter moult salaires d'un ménage moyen. Tu ouvrais délicatement ta première valise qui pour sa part contenait ton matériel de couture. Tu avais réussi à démonter tes mannequins et y rentrer une partie. Pour le reste de tes affaires... Il te faudrait presque rentrer. Et faire mille et un allers-retours afin d'avoir une chambre... Dite décente pour ta personne.
Tandis que tu t'affairais à sortir tes affaires une par une, tu jetais un oeil en biais à l'autre folle sur talons qui ne semblait pas décidée lâcher l'affaire. Pourquoi... ? Pourquoi devais-tu te coltiner des cas à peine arrivé ? Tu ne te sentais pas, que de lutter ou d'user de la force. Tu voudrais simplement qu'il parte. Juste cela. Lâche ses mesures, tourne ses splendides talons - et bon dieu quel séant il a... vilain Vail, bad Vail, on ne reluque pas les fessiers de ces gentilshommes -.
« Tu comptes rester longtemps ? Pas que ta présence m'importune mais j'aimerai pouvoir m'installer tranquillement. »
Tu arborais ce sourire. Celui à la fois embarrassé que de demander à autrui de quitter ton territoire et celui suffisamment à l'aise pour ne pas être désagréable envers ce drôle d'inconnu. Depuis quand devais-tu être coupable de vouloir ton espace, Vail ?
Localisation : Dans ton dressing à prendre des mesures
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Ven 29 Jan - 18:34
Valérie Damipoulpe a du style mon chou.
Un sourire étirait les lèvres du rouquin. Il était malin, beau gosse avec de l’humour le nouveau… Ce serait un plaisir de se rincer l'œil tous les jours et en plus de venir lui taper la discussion en choisissant sa tenue dans sa toute nouvelle extension de dressing. Capucin répondait nonchalamment en continuant ses mesures, prenant des notes sans se retourner.
— Oui oui. Tu ne connais pas cette toute nouvelle émission qui consiste à créer le parfait dressing de ses propres mains tout en étant un styliste de génie? J’ai gagné l’édition de l’année dernière.
Finalement il se retournait légèrement, tapant la pose, main sur la hanche, l’autre lui envoyant un baiser exagéré pour se présenter.
— Christian Cordubob mon chéri, pour te servir ~
Petit rire aigu marquant l’exagération de ce jeu, il retournait aussi sec tapoter les murs, cognant son index replié pour toquer et tester la résonance ça et là comme il avait vu de nombreux ouvriers le faire chez lui pour chacune de ses nouvelles extensions d’étagères. Chez lui, son vrai chez lui il entend, pas le cagibi actuel où il avait posé le quart de ses valises et encore. Le seul avantage de cet établissement résidait dans la transformation miraculeuse de sa salle de bain en petit coin de paradis où la mer des caraïbes aurait à rougir. Ni trop grand, ni trop petit, la zone était une vraie mer intérieure juste à bonne température pour que le poulpe puisse nager tranquillement. A cette pensée, Capucin réalisait qu’il avait trop traîné à attendre le beau ténébreux, sa peau le tirait atrocement sans parler de sa gorge qui se serrait. Il sortit une bombe de brume d’eau minérale de sa sacoche et s’en aspergea allègrement en se tournant vers Vail pour l’écouter.
— « il pourrait plaire même aux yeux de l’Envie. » disait Ovide, et non je n’avais pas en premier lieu pensé que tu étais tout feu tout flamme mon grand… Maiiiiis si tu le dis, après tout ces jolies cornes parées de ta belle capuche pourraient être un indice à un talent caché qui sait?
Capucin se décollait enfin de la zone de travaux pour zieuter les mouvements du nouvel étudiant, ne disant rien en le voyant mettre ses affaires dehors. Tant que lui ne l’était pas tout allait bien. Il choisit de ranger son mètre mesureur dans une de ses grandes poches y laissant ses mains en continuant d’explorer les lieux d’une démarche fluide et dansante.
— Tu me flattes dis donc! Bien-sûr que je ne manque ni de moyens ni de place. Ah! Mensonge. Je ne manque pas de place chez moi… Ici… c’est une autre histoire. C’est indécent, comment veux-tu vivre dans pareil lieu étriqué? Je n’ai rien pour ramener mes affaires et m’installer, ma chambre est ridiculement exigu!
Le bruit de la valise déposée sur la table attira l’attention du poulpinet, il tournait et virait autour de la table sans s’en rapprocher pour autant. Curieux invétéré, que pouvait bien ramener un grand cornu dans ses bagages? Il le laissait tranquille pour l’instant, attendant qu’il finisse sa complainte. Non il ne partirait pas, pourquoi le faire? Il allait poser son fessier sur un coin du canapé quand… oh. Impossible de se contenir à la vue des affaires, le roux traversait la distance entre la table et lui en quelques pas, talons claqués au sol pour fourrer ses mains sans gêne dans la valise et y extraire des affaires de couture.
— Oooooooooooooooooh ~ Oh oh! Mais dis moi toiiiii. Petit cachotier! Tu me dissimules encore beaucoup de qualités comme ça? Regaaaarde moi ça! Oh tu n’y vas pas de main morte hein? Tu ne comptes pas tes dépenses non plus huuum…
Il fouillait sans cesse, dérangeant tout ce qui était ordonné, Chaque geste était pourtant doux et mesuré, il n'abîmerait jamais rien. Sortant tour à tour la presque totalité du contenu qui restait dans la valise, Capucin poussa celle-ci une fois vide par terre pour regarder de plus près chaque élément. Il parlait comme si le pauvre Étoile qui venait d’arriver ne connaissait pas le contenu de ses propres valises. Capucin en était à un point où il montait rapidement et d’une main experte les différentes parties du mannequin qu’il avait sous la main. Il virevoltait autour, dos tourné à Vail pour lui répondre naturellement, comme une évidence.
— Partir? Puisque je ne t’importune pas pourquoi le ferais-je? Et dans le cas contraire? Naaaaaaaan. J'ai pris mes mesures, je reviendrai pour celles-ci et m’installer mais lààààà, oh lààààà. Il y a bien plus intéressant Adonys.
Il tournait et penchait le visage, clin d'œil adressé adroitement avant de secouer la main.
— Allons allons, tu as d’autres valises à ouvrir non? Hop hop! Amène les qu’on puisse fouiller là dedans, un mannequin aussi beau ne devrait pas être dépourvu d’une tenue adéquate. Tu as bien quelque chose.
Les liens se faisant, il se tournait pour se rapprocher de l’étudiant, envahissant toujours plus son espace vital pour venir regarder de plus près sa capeline.
— C’est un joli travail que voilà, et pas commun. Je suis certain que ce n’est pas le seul que tu aies, n'est-ce-pas? Allééééé! Montres-moi !!
Voix maniérée, caprice d’un gamin qui veux tout voir, tout savoir et surtout pas qu’on lui dise non. Caprice sincère d’un garçon à qui on a jamais rien refusé et que personne n’a jamais fait attendre. Accès loin d’être mesquin, Capucin était sincèrement intéressé et intrigué par ce nouvel arrivant. Pour une fois son esprit n’avait formulé aucune critique acérée quant au style vestimentaire de la personne face à lui et encore moins face au coût de ses affaires qu’il estimait acceptable et même qualitatives.
— Pour une fois que j’ai quelqu’un digne de cet étage en face de moi!
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Lun 1 Fév - 16:56
Everyone has this universal understanding of roommate drama.
Évidemment que cela n'allait pas aller comme tu l'entendais. Évidemment que le nouvellement nommé Christian n'allait absolument pas t'écouter et même envahir un peu plus ton espace.
Évidemment que tu te crispais, retenant un soupir rauque, épaules basses.
Pourquoi ?
Était-ce un retour de karma pour avoir osé quitter le domaine des Berkeley ? Non. Tu ne l'avais pas quitté et eux t'y avais mis en dehors sans le moindre remord. Léger sourire subsistant sur tes lèvres, détaillant la tête rousse qui continuait son cinéma tout en répondant à tes questions et remarques. Plus le jeune homme prenait de la place et ses aises, plus ton esprit acceptait le fait. Son sort. De ne jamais avoir un moment de tranquillité en cette arrivée chaotique.
Et puis, te dérangeait-il tant que cela, le Christian ? Ta psyché hésitait encore. De comment le nommer. De comment le représenter. Était-il un poids en cet instant ? Ou une agréable bouée inattendue ? Qui te sortirait de cette torpeur qui te paralysait que trop depuis des nuits ? Tu ne savais guère et tout au fond de toi, ne voulait t'y attarder plus longtemps. Tes émeraudes revenaient détailler la folle sur talons qui après t'avoir lancé un baiser, se fardait le visage d'une brume que tu supposais minérale. Faisait-il donc si chaud ? Tu tournais naturellement le visage, tendant la main pour prendre la température, ne sentant aucune différence avec l'extérieur dont tu venais. Ta chambre ne demandait pas de dispositions particulières.
Tu n'étais pas une créature marine ou encore un reptile fuyant les flocons de l'hiver. Peut-être le roux l'était-il ? Ou simplement crevait-il de chaud avec son accoutrement. Pourtant... A mieux l'observer, rien des tissus qu'il portait n'étaient faits pour les saisons plus froides. Peut-être était-il tout simplement sensible. Tu réfléchis trop, Vail. Bien trop. Et lui... Tenait un bout aussi, accaparant de nouveau ton attention. Citant Ovide pour déguiser une réflexion que tu jugeais ; sentais bien mûrie. Ce Christian promettait d'être plein de rebondissements. Et peut-être irais-tu jusqu'à accepter sa présence. Peut-être allait-il se faire oublier et que tu pourrais continuer de t'installer en pai-
Qu'as-tu espéré, Vail ? As-tu vu ce qui te fait face ?
Bien sûr qu'il ne fallu qu'une valise à peine ouverte pour que la tête alezan accourt aussitôt, passant de ce rare instant de calme où il était devenu une décoration assise sur le canapé à cette tornade qui sortait tes affaires plus vite que tu ne le faisais. Étrangement, le jeune homme s'avérait d'une délicatesse insoupçonnée, les prenant avec le plus grand des soins. Tu voyais bien à son style qu'il savait ce que cela représentait. Qu'il n'était pas un inconnu à la mode et au monde des hautes sphères. Chose confirmée un peu plus tôt par cette aria quant à sa pauvre petite chambre étriquée. Qui t'arrachait encore un sourire amusé. Tu avais baissé les bras, dans le fond. Ta valise éventrée, vidée et jetée. Ton mannequin monté sans que tu ne puisses dire quoi que ce soit.
Tu te sentais de nouveau comme un inconnu à ton propre monde, te contentant de laisser Christian faire. Assumant qu'avec ta malchance, lui aussi était dans les études de stylisme. Tu priais qu'il ait un an de plus que toi. Ou qu'il ait des options différentes. Rien que là, ce poulpe vampire venait de prendre toute ton énergie. Pas que tu n'étais pas agacé, loin de là. Simplement éreinté. Bien que sa présence puisse te plaire et te changer les idées, gérer autant d'énergie t'en demandait trop. Alors tu abdiquais, opinant juste du chef d'un sourire fin. T'exécutant à ouvrir les autres valises pour en sortir le peu d'affaires que tu avais pu ramener. Cachant une certaine gêne et un regard détourné à son compliment quant à ta capeline.
« « Le feu couvert est le plus ardent. » disait Ovide. »
Répondais-tu d'un ton taquin et d'un sourire qui se détendait peu à peu à sa question sur tes qualités cachées. Tu n'avais point l'habitude de recevoir autant de compliments et remarques positives en aussi peu, bien trop peu de temps. De la part d'un inconnu et de quelqu'un comme lui qui plus est. La tête rousse, elle respirait l'assurance. Le charisme et l'excentricité. Tout ton opposé, en somme. Elle t'écrasait par sa présence et pourtant... Tu te sentais comme sur un pied d'égalité. Impression fort singulière que tu n'avais plus connue depuis des lustres, te faisant rentrer la tête dans tes épaules d'embarras.
« Il est vrai que je ne compte pas les dépenses quand c'est pour quelque chose que j'aime. Je ne peux nier que ces chambres sont un peu étroites... soupir de ta part. Parce que je dois encore rentrer et ramener d'autres affaires. La présence de porteurs à la sortie du train aurait été appréciable. Guère aisé que de tout ramener par soi-même. »
Tu retenais un léger rire railleur pour ta personne, observant ton mannequin un moment. Silence. Puisque l'envahisseur voulait une idée de qui tu étais et de ce que tu faisais... Un sourire défiant venait prendre place sur tes lèvres, levant la main comme pour stopper la tornade rousse dans son élan.
« Attends deux minutes, je te prie. »
Tu gardais encore un atout en poche. Atout bien encombrant que tu avais laissé au rez-de-chaussée entre les mains de l'accueil pour la simple raison que tu ne pouvais le porter avec tes valises. Bien trop précieux pour prendre le risque de l'abîmer. Tu filais dès lors vers les étages inférieurs, enjambant les marches pour ne pas faire trop attendre Christian. Et aussi parce que vu le personnage, dans quel état ta chambre allait être à ton retour ?
Ce fut l'immense housse dans les bras que tu accourais dans le couloir, zigzaguant agilement entre les faciès - visiblement interloqués de voir un grand dadet avec une housse encore plus grande que lui - pour arriver à l'encadrement de ta porte, souffle court. Tu venais déposer avec la plus grande délicatesse dont tu étais capable la housse dans la longueur du sol, entre lui et toi.
« Je pense que ça devrait te ravir. J'avoue en être... Assez fier. »
Tes émeraudes fuyaient une fois de plus, tes mains venant lentement ouvrir la housse en épais tissu. Celle-ci contenant l'une de tes pièces qui t'avait demandé le plus travail. Cette robe.
Oui, cette robe. Celle qui faisait toujours remuer les consciences et les lèvres.
Cache-coeur se fondant en un haut de costume, illusion pour qui n'y prêterait point attention. Manches soigneusement terminées par une fine dentelle blanche, guidant naturellement l'oeil vers la longueur de la robe. Immense robe évasée en dentelle noire. Cette robe digne des plus grandes mariées et princesses. Ces robes qui coûtent bien des salaires à qui voudrait se l'offrir. Alors oui, tu avais pris ce parti. Celui d'un haut masculin. Pour un bas féminin. Celui d'unir et de briser deux codes : le féminin et le masculin n'avaient pas de genre pour toi. Et ainsi étaient tes créations. Tu venais t'asseoir à côté de la robe, tes émeraudes venant chercher le regard de l'inconnu pas si méconnu.
« Outre ce nom, Christian, comment te nommes-tu ? Puis-je m'avancer sans me tromper que tu es toi aussi en stylisme ? »
Localisation : Dans ton dressing à prendre des mesures
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Mer 3 Fév - 20:23
Valérie Damipoulpe a du style mon chou.
Un sourire silencieux étirait de contentement les lèvres du poulpe envahisseur. Alors c’est que le beau timide ténébreux avait de la répartie. Et poétique qui plus est! Capucin partait dans milles suppositions intérieures en continuant son manège.
Se pourrait-il que ce joli dragon crache littéralement du feu alors? Ou peut-être est-ce une belle métaphore pour le qualifier, lui qui semble si calme, si posé, pourrait à tout moment faire preuve d’ardeur et de passion quand il se prend à être libéré? Oh oh que son esprit venait en des contrées trop lointaines, imaginant le bel Adonis passionné à plus d’un égard et pas vraiment habillé de sa capeline. Sourire découvrant ses dents de joie à inventer une stature qu’il n’avait pas encore vu dévoilée.
La confession avait piqué l’esprit de Capucin. Lui aussi trouvait ses chambres-placard à balais étriquées, victoire! Nul gain à part le sentiment de se sentir enfin compris, ses crises et caprices n’en étaient pas et il n’était pas le seul à le penser.
— Eh bien… N’en as-tu pas fait la requête?
Question sincère et directe, complètement étonné de le voir faire les basses besognes de porteur et déménageur.
— Sais-tu mon cher Adonis que Merille dispose, si on le veut, d’un transport tout aussi magique que ce train étrange qui consiste à téléporter, j’imagine, tes affaires directement ici? Huuum… Peut-être qu’à l’instar d' Henri Potdebeurre, les gobelins esclaves d’ici sont invisibles?
Il tournait et virait autour des affaires le petit poulpe, détaillant tout et choisissant de monologuer pour combler l'absence d’assurance de ce charmant nouveau.
— D’ailleurs… Oui? Oh d’accord, d’accord.
Stoppé d’une phrase et d’étonnement, le rouquin avait immédiatement abdiqué à la demande du cornu. Puisqu’il priait, Capucin obéissait. La demande n’était, après tout, pas compliquée et lui laissait le loisir de visiter les lieux. L’étudiant absent, Capucin s’aspergeait de vapeur d’eau tout son saoul, tournant et virant dans la chambre, il venait voir la salle de bain, normale, ras, puis la chambre où trônait un grand, très grand, tout comme le sien, lit central.
— Oh oui monsieur a des goûts de luxe et… oh! Quel magnifique et GIGANTESQUE dressing il a!
Des étoiles dans les yeux il ouvrait chaque tiroir, mesurait chaque casier pour réaliser que ce n’était pas plus grand que dans sa chambre et que sa jalousie était extrêmement mal placée. Il revenait aussitôt dans le salon pour entendre les talons d’Adonis claquer dans le couloir.
— Eh bien, eh bien, ces grandes jambes musclées gambadent vite!
Les yeux verts détaillaient le nouveau au souffle court et la gigantesque house qu’il transportait. Il se demandait ce que pouvait bien ramener le cornu d’en bas, quelle tenue pouvait être cachée à l’intérieur. Mille questions tournoyaient sans trouver de réponses. Capucin rejoignait l’endroit où la house était posée, s’asseyant sur les genoux en face de lui tout impatient.
— Eh bien eh bien! Que de suspens mon cher ~ Tu sais comment faire monter la tension ou… l’attention dur à dire, dur de choisir.
Rire sincère et impatient, il ne se permettrait pas de toucher à cette housse, devinant aisément qu’il s’y cachait un trésor qui tenait au cœur de l’étudiant nouvellement arrivé. Capucin pouvait très bien le comprendre, lui aussi avait quelques pièces dont il était fier à l'excès. La gêne du gracieux nouveau voisin était adorable à voir et pour une fois le poulpe la bouclait le laissant ouvrir lentement ce coffret de tissus. Ses yeux étaient remplis d'étoiles et ses mains allaient et venaient d’hésitation à inspecter la création devant lui. Les matières étaient nobles et chaque pan était d’une qualité indéniable. Pendant que le créateur venait s’asseoir de l’autre côté de la robe, Capucin enfilait sa paire de gants blancs immaculés en soie qu'il avait toujours sur lui afin de manipuler sans risque le tissus.
— Diantre… De ce que j’en vois, cette création est sublime mon cher... quel talent... vraiment.
Pas de long monologue pour une fois, quelque chose, quelqu’un, avait réussi à lui clouer le bec. Il admirait les coutures, la dentelle, la façon dont le cache-cœur venait se transformer en veste de costume ou plutôt l’inverse. Pour lui cette pièce était du pur génie.
— Je me nomme Capucin. En plus d’être garni des meilleures Muses de ton pays tu imagines bien Adonis, je suis bel et bien en stylisme tout comme toi, non? Outre ce prénom qui te sied fort bien, quel est le tien véritable?
Le rouquin dévoilait un intérêt sincère pour le créateur et sa robe. Il parlait posément, comme absorbé dans sa contemplation. Il venait prendre entre ses doigts la dentelle blanche qui finissait les manches, acquiesçant de ce choix judicieux, portant, comme le voulait le design de la robe, ses yeux vers la longue jupe en dentelle. Il écartait la housse pour sortir un pan de celle-ci finement ouvragée. Suivait un jupon en velours pour opacifier les plis de la robe et lui donner en matière. Capucin rapprochait ses yeux, palpait, sentait, examinait…
— Suis-je fou ou…? Mais… nooon!
Rire aiguë et soudain de l’étoile squatteur qui venait s’esclaffer de ses conclusions. Il soulevait les pans de dentelle et de velours de la robe pour trouver un coton d’Egypte de très grande qualité et biologique. Coton précis qui avait fait la renommée des d’Auriot. Il avait donc juste.
— Je me disais bien que la dentelle ne m’était pas inconnue, le velours non plus d’ailleurs. Mais ce coton, je pourrais le reconnaître les yeux fermés et bandés. Tu as pris tes rouleaux chez les d’Auriot toi non? Puis-je? Au moins te donner un coup de main?
Il faisait mine de glisser ses mains gantées sous l’énorme épaisseur du jupon pour mimer de soulever la robe. Voulant par sa question demander la permission d’aider son voisin à habiller son mannequin afin de donner à sa robe toute sa splendeur en étant correctement arrangée et habillée. Tout à coup, depuis l’apparition de la pièce de couture, le poulpinet avait retrouvé calme et tranquillité, laissant un peu d’air à ce pauvre créateur. Tornade transformée en une brise fraîche.
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Dim 7 Fév - 17:26
Everyone has this universal understanding of roommate drama.
La requête ? Quelle requête ?
Tu étais resté un long moment, l'air interdit et totalement abasourdit par cette révélation que t'avais fait le rouquin. T'y repensais là, après les tumultes pour amener et présenter ta création. Il n'était qu'un inconnu et pourtant... Déjà tu lui autorisais ne serait-ce qu'un peu d'espace dans ton petit sanctuaire intérieur. Un inconnu et déjà, tu te dévoilais à lui ; sûr qu'il comprendrait la portée et le travail fourni sur ta pièce. Alors non, tu découvrais ahuri qu'il était possible de faire appel à un service pour les mille affaires qui restaient encore dans ta chambre. Là-bas, à Lands End. Tu riais nerveusement, secouant la tête dépité.
« Pour tout dire... Je suis arrivé hier. Je... ne savais même pas qu'une pareille chose était possible. Je me suis retrouvé propulsé dans ce monde que je découvre. Alors j'en prends note, merci. »
Tu arborais un sourire contrit, ton esprit repassant tour à tour chacune des phrases du poulpe envahisseur. Te faisant soudainement monter le rouge aux joues, la remarque du jeune homme te revenant en pleine figure tel un boomerang. Tes... Jambes ? Tu papillonnais quelques secondes des yeux, tes émeraudes venant détailler tes jambes. Elles... Avaient quoi tes jambes ? C'étaient juste... Des jambes. Qu'allait-il te dire qu'elles étaient musclées. T'avait-il... Oui, oui, Vail. Et tu étais là, mortifié entre gêne et malaise, ravalant ta salive pour finalement te secouer la tête comme si toutes ces vieilles images du passé allaient en sortir par tu ne savais quel miracle. Tu venais d'arriver. Hors de question que cette chose ; cette part de toi refasse surface alors qu'elle n'avait fait que te traîner faciès le premier dans la boue. Non, non, non hors de question.
Tu finissais par ignorer cette remarque ci, te concentrant de nouveau sur ce que la tête flamboyante avait pu te dire. Après tout, cela faisait de longues minutes que tu étais dans la peau d'une statue, lui attendant une réponse à ses derniers mots. Lui, qui dans tout le respect qu'il avait vu envers ta création avait sorti les gants. Quand toi, tu restais droit comme un I, absent, ta psyché parcourant bien des paysages. Tu supposais que le dit Christian finalement renommé Capucin avait remarqué cette facette de ton être. Toujours un train de décalage, toujours ailleurs quand les choses s'avéraient intéressantes. Si bien que tes lèvres esquissaient un sourire ravi - discret - à ses compliments à ton encontre. Tu ne cessais jamais d'être surpris que d'avoir autant de compliments à peine arrivé sur l'île. Était-ce un signe ? Que tout allait aller mieux ?
« Merci... »
Soufflais-tu, regard de nouveau fuyant. Osant à peine lorgner le poulpe qui les minutes passant s'extasiait de plus en plus devant ta robe. Un engagement, une déclaration quant aux genres. Quant aux images erronées de la société sur ce qu'ils étaient. La voir aussi appréciée te mettait un peu de baume au coeur dans le fond. Tu finissais par te relever, une idée germant dans ton esprit. Tes mains venaient calmement attraper ton matériel et quelques épingles, tes émeraudes venant enfin se poser sur la tête rousse.
« Tu seras le mannequin. »
Tu écrasais un rire doux, ne lui laissant guère le choix - et dieu qu'il s'en plaignait à gigoter dans tous les sens -, venant saisir avec une délicatesse des plus lentes ta création. Tu parcourais dès lors le jeune homme du regard, lui indiquant par des rapides mouvements de mains les étapes à suivre pour enfiler la robe. Néanmoins cela ne fut point utile tant le poulpe te devançait et te facilitait la tâche. La folle sur talons qu'il était s'était calmée. Toujours aussi énergique. Cependant une énergie canalisée. Une voix calme, loin des tons perchés qu'il avait pu avoir plus tôt. Tandis que tu continuais tranquillement les retouches sur ta création pour que celle-ci soit parfaite sur le jeune homme, tu prenais un peu de temps pour lui répondre.
« Tu peux me nommer Vail. Je suppose donc que l'on va probablement se revoir si tu es toi aussi en première année ? Tu connais les lieux depuis longtemps ? J'avoue être dépaysé tant c'est... Animé ici. »
Léger rire te montant à la gorge, ordonnant au poulpe de se tourner pour poser les prochaines épingles.
« Tu les connais aussi ? Ils ont en effet de chez les d'Auriot ! J'aime énormément travailler avec leurs tissus. Même si tous ne sont pas biologiques, ils restent néanmoins ceux avec le plus grand choix dans leur gamme. Je me demande si un beau jour ils élargiront cette gamme, ils auraient bien à gagner. »
Pause, toisant le jeune homme de haut en bas, pensif. Soupir.
« Cela ne va pas. Pas du tout. Il te faut du maquillage. »
Tes lèvres jais étiraient leur plus grand sourire, gamin ravi que d'avoir un modèle vivant à peindre. Tu te déplaçais alors, attrapant le miroir sur pied qui se trouvait dans l'angle de ta chambre pour venir le poser face à Capucin.
« Qu'en penses-tu ? Quelles couleurs te plairaient ? »
Certains te disaient distant. Timide. Renfermé. T'avaient-ils déjà vu, quand les démons de la passion toquaient à ta porte ?
Localisation : Dans ton dressing à prendre des mesures
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Dim 14 Fév - 20:51
Valérie Damipoulpe a du style mon chou.
Le poulpinet était ravi, sincèrement ravi, d’avoir pu aider un riche compatriote. Ils n’étaient peut-être même pas d’un pays commun, mais comme dit souvent Capucin, “l’argent n’a pas de pays mes chers ~” Qu’il soit du même milieu rassurait bêtement le rouquin. Il se sentait enfin compris dans ses déboires et dans ce médiocre internat qu’il devait subir. Le pauvre nouveau venu avait en plus dû se traîner toutes ses affaires, vraiment? Quel enfer!
Le sourire de Capucin s’élargissait d’autant plus à voir le beau cornu face à lui rougir et regarder ses jambes de manière désemparée. Il n’avait donc pas l’habitude d’être complimenté, ou plutôt d’être complimenté par un homme? Non. Il avait l’air plutôt introverti et effacé comme garçon, il était certain que son entourage n’avait pas dû l'aider à prendre confiance en lui. Il était trop facile de lui faire perdre ses moyens. Le jeune homme notait mentalement chaque fait, listant chaque détail qui faisait réagir le beau brun face à lui, riant d’avance de toutes les fois où il s’amuserait à le décontenancer.
Capucin rangeait les divers commentaires flatteurs à propos du dragon, les gardant pour l’instant pour lui seul. Il se concentrait plutôt sur la magnifique création que lui proposait son nouveau voisin de palier. Il ne pouvait s'empêcher, entre deux observations des tissus, de fixer la silhouette encore debout, qui semblait ici et ailleurs à la fois. L’avait-il cassé le beau gosse? Oups. Il le regardait toujours, hésitant à remuer la main pour attirer son attention. Peut-être était-ce une facette de son don? Peut-être pouvait-il ouvrir des failles spatio-temporelles que lui seul pourrait voir ou parcourir?
Finalement il avait entendu toutes les réflexions et les compliments de Capucin pour sa création. Son remerciement tirait un sourire au poulpe qui cherchait les yeux péridots du cornu. Il était avare en mots mais ceux-ci étaient profonds de sens. Ce remerciement n’était pas que de la politesse, Capucin avait vite cerné qu’il n’était pas courant pour lui de recevoir tant de propos flatteurs. C’était bien dommage. Ça n'empêchait pas le poulpe de continuer à parler de la robe, à commenter les choix et à apprécier sa signification.
En réponse à son mouvement pour soulever la robe de son écrin, ce fut une proposition des plus surprenante qui vint. Un mannequin? Vraiment? Le beau cornu le voulait déjà nu alors? Mah! Pourquoi pas! Capucin serait plus que ravi de pouvoir porter pareille création, il trépignait intérieurement comme un gosse.
— Ooooh avec plaisir mon cher ~
Aussitôt, Capucin se levait en tournoyant avant de se planter entre les mains expertes. Le temps que le créateur prenne sa robe pour la présenter au mannequin, il avait enlevé sa veste et sa chemise rapidement afin de faire de la place pour enfiler la création. Se présentant sans aucune gène torse nu à l’inconnu plus si inconnu que ça. Il avait l’habitude de ce genre de situations, ayant pléthore de tailleurs personnels chez lui pour toutes ses tenues, il se baladait relativement souvent en caleçon devant des gens qui l’habillaient. Il se glissait parfaitement dans la robe, prévoyant toutes les demandes du grand ténébreux qui le dirigeait avec des gestes précis.
La voix douce et grave venait répondre à ses questions pendant qu’il retouchait la robe afin qu’elle taille parfaitement sur le corps du rouquin. Rouquin qui l’écoutait attentivement, bras légèrement relevés afin de donner l’espace nécessaire pour le travail de retouche.
— Vail, enchanté ~ Je ne suis ici que depuis deux ans mais je pourrais t’aider ou répondre à tes questions si tu en as. Je viens effectivement d’entrer en première année de stylisme, je suppose que nous allons nous voir souvent. Un tel talent que le tient ne pourrait être dans une autre filière j’en suis sûr.
Il se tournait aux ordres de Vail, le regardant faire avec plaisir, observant chacun de ses gestes pour voir à quel point il était concentré et expert. C’était si agréable de côtoyer une personne ayant le même centre d'intérêt et les mêmes manies que lui. Le dragon était très doux, Capucin ne sentit aucune épingle frôler sa peau. Il riait de l’engouement et des conseils de son confrère quant aux tissus de sa famille, devait-il lui révéler son identité? Non… Pourquoi faire? Ils étaient bien à ne connaître que leurs prénoms. Pourquoi s'embarrasser du bagage familial?
— Après tout, ce sont les leaders du marché, leurs tissus sont d’une qualité rare. C’est vrai que je ne me penche que rarement sur la gamme biologique, je devrais peut-être regarder cela. C’est un parti pris pour toi?
Les mains travailleuses s’éloignaient enfin de la tenue, Capucin tournoyait vivement pour laisser la robe tomber comme il le fallait. Il venait en même temps saisir l'élastique qui attachait ses cheveux afin de les lâcher, ajoutant encore à la confusion des genres. Main venant les coiffer, cil battant vers Vail… qui visiblement… n’aimait pas?
— Quelle merveilleuse idée !! Je suis tout à toi mon grand ~
Nul ambiguïté dans ces paroles, le mannequin ne souhaitait que tenir son rôle. Capucin était ravi de sentir Vail se détendre et de le voir s'adonner aux passions de la création. Il était d’une curiosité sans bornes quant aux choix qu’il pourrait bien faire, passion contagieuse, poulpe sautillant dans sa nouvelle tenue. Le miroir arrivant, Capucin ferma les paupières pour détourner son visage dans un mouvement très mélodramatique, main droite tendue vers le miroir, la gauche sur son front.
— Ah! Non je ne puis m’admirer tant que tu estimes ne pas avoir fini! Je te laisse libre de choisir, après tout c’est toi le créateur mon cher ~ Je te fais pleinement confiance.
Il vint contourner le miroir en l’évitant soigneusement afin de ne pas s’y admirer, chose bien difficile pour le petit narcisse sur pattes. Il posait sa main sous son menton, cil papillonnant vers Vail.
— Que penses-tu d’un peu d’or pour réhausser des siii bôôô yeux~
Il tournoyait, admirant l’amplitude des jupons et de la robe qui virevoltait autour de lui, impatient que le dragon saisisse son matériel. Se reprenant un instant, Capucin saisit une chaise afin de la positionner face à un fauteuil du salon de l’étudiant et il s’y assis. Pimbêche sur les bords mais pas rustre tout de même. Il laissait la meilleure place à l’occupant des lieux, prouvant sa bonne foi, oubliant presque le dressing tant désiré.
— J’avoue à ma grande honte ne pas m’y connaître vraiment en makeup. Je ne me suis jamais maquillé et je n’ai vu que d’autres faire, ma mère par exemple. Tu m’as l’air doué de ton côté, me donneras-tu des conseils?
Il le regardait avec grand intérêt chercher et préparer ses affaires pour son modèle. Capucin jouait parfaitement les divas maîtrisées, il adorait voir faire les autres quand la création les passionnait. Vail allait être un voisin plus que captivant.
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Jeu 18 Fév - 16:51
Everyone has this universal understanding of roommate drama.
Une danseuse. Voilà ce que tu admirais.
Les cheveux détachés, soleil ardent couvrant ses épaules, le poulpe envahisseur embrassait un tout autre genre. Tu restais figé, perdu dans l'admiration de ses traits. Nullement envieux. Une vue que tu considérais d'artiste ; une vue où tu étais tel un appareil photo. Photographe imaginant la tête rousse dans bien des poses pour se mettre en valeur autant que la tenue. Tu brûlais d'envie de lui proposer cela. Un shooting improvisé. Une balade en ces lieux méconnus pour trouver l'endroit parfait. Digne d'une couverture de Vogue. Néanmoins tu n'avais aucun talent en photographie. De bêtes bases, une intuition aiguisé et voilà. Rien de plus. Ne serait-ce pas insulter ton compère et ta création ?
Tu pouffais discrètement à la posture mélodramatique de Capucin, mannequin refusant de s'admire tant qu'il n'était pas parfait. Il était à présent ton oeuvre ; tableau porcelaine que tu peignais peu à peu. Ses phrases ne tombaient nullement dans l'oreille d'un sourd ; faciès fermé. Concentré, tu l'étais. Pensant au maquillage futur qui viendrait habiller les traits du jeune homme. Tu retenais néanmoins sa préférence pour les mêmes tissus que toi. Après tout, n'était-il pas comme toi sur ce point ? Petite fée des vêtements aimant travailler avec la qualité plutôt que la quantité ? Tes commissures s'étiraient un peu plus à ses compliments. Doucement tu prendrais le pli. Doucement tu finirais par réussir à te révéler aussi bien que lui. Il était si à l'aise. Comment faisait-il ?
Toi, malgré ton air décoincé et serein, tu discutais encore dans tes pensées. Faisais-tu bien ? Ou allais-tu le regretter amèrement ? Comme toujours ? Des craintes que tu t'efforçais d'étouffer. Taire au loin pour profiter de cet instant et de ce mannequin qui jouait le jeu. Un jeu que tu lui avais imposé dans un élan d'enthousiasme. Un jeu dont tu te sentais coupable. Et s'il n'avait pas voulu ? Vous vous connaissiez à peine et déjà tu t'imposais à lui. N'était-ce pas souvent l'inverse ? Est-ce un mal ? Tu soupirais pour toi, secouant la tête pour te diriger vers ta coiffeuse, lorgnant la folle en robe qui t'attendait sagement devant le miroir. Celle-ci s'était remarquablement bien assise, robe plissée aux bons endroits, épousant la forme de la chaise. Décidément, il avait la main, le Capucin. Décidément, il te ressemblait. En plus bavard. En plus expansif. En plus... En plus tout court.
La danseuse désirait de l'or et toi... Tu hésitais. Et germait une idée. Des lèvres d'or. En feuille d'or ; tel de l'or fin. Tu ne voulais pas d'un rouge à lèvre kitsch ou qui fasse basse qualité sur sa peau. Un maquillage de feu. Peut-être était-ce trop simple, peut-être était-ce pour le mieux. Tu ne voulais nullement inclure de vert ; combinaison trop aisée avec les cheveux de Capucin. Tu revenais à lui avec tout ton matériel, détaillant sa peau au grain près. Nul besoin de fond de teint. Sa peau est très belle ainsi.
« Deux ans déjà... Sont-ils tous aussi exubérants et épuisants ici ? Est-ce une habitude ce manque d'organisation aussi ? »
Oui. C'était là la première chose qui t'avait sautée aux yeux. Pour une école si réputée, tu ne t'attendais point à autant de laisser aller. Et cela t'inquiétais quelque peu. Et si... Tu retombais sur des abrutis... Allais-tu encore retrouver face à toi une figure qui te rit au nez et nie sa part de responsabilité ? Au prix de l'année, c'était se moquer du monde. Tu venais prendre délicatement ton pinceau ombreur afin d'attraper du fard d'une couleur rose quelque peu terne. Si celui-ci allait faire bondir Capucin au plafond à sa vue, il n'avait pour rôle que d'embellir les prochaines couleurs.
« Ferme les yeux, s'il te plaît. Oui, c'est un parti pris. Je suis assez proche de la nature et de mon environnement. Disons que c'est de famille et de tradition. J'aimerai idéalement réussir à travailler avec des matières respectueuses de celle-ci même si je le sais bien, ce n'est guère pour demain. Je voudrai que cela se voit dans ce que je fais. Je veux le retranscrire du mieux que je puisse. »
Le rose enfin appliqué, tu te saisissais de ton pinceau pour le creux de la paupière, venant délicatement taper tour à tour d'or les extrémités de sa paupière. Ceci fait, tu attrapais un second pinceau pour venir y déposer les couleurs plus chaudes.
« Et toi ? As-tu un quelconque message à faire passer par tes créations ? Quelles sont tes ambitions dans ce milieu ? »
Tes mains continuaient calmement de peindre leur tableau vivant, tes pensées allant et venant entre divers sujets. Amusé au fond des questions du poulpe. Tu arborais un sourire doux, pinceau estompeur entre les doigts, venant fondre les deux couleurs ensemble.
« Bien sûr. Tout dépend de ce que tu désires savoir et de tes connaissances. Je ne suis pas non plus un professionnel et n'ai aucunement prétention à cela. Je pense même que beaucoup aurait un bond au coeur à voir ma façon de faire. »
Tu riais d'embarras, venant délicatement poser et estomper la dernière couche sur sa paupière mobile ; paillettes qui feront plus tard écho au rouge à lèvres que tu n'avais pas encore apposé.
Localisation : Dans ton dressing à prendre des mesures
Re: You're a limited edition - or not - || CAPUPUTE ♥ Dim 4 Juil - 20:13
Valérie Damipoulpe a du style mon chou.
Capucin patientait sagement, lissant un pli ici, arrangeant le tombé de la robe là. Il jetait des œillades discrètes vers son nouveau voisin, le voyant rassembler adroitement le matériel nécessaire. Il était une véritable poupée entre ses mains non moins curieuse de ce qu’il allait se passer. Qu’allait choisir Vail? Allait-il l’écouter ou tout simplement effectuer un travail loin du maquillage classique et se rapprochant de l’oeuvre d’art sur une toile contemporaine?
— Oui, le temps file vite dans ce contexte-ci, loin du continent. Et ouiii et non. Il y en a des exubérants, plus que moi je l’admet. N’as-tu pas déjà parlé au directeur? Une tête de mule incompétente doublé d’un narcissique compteur de lattes inutile, voilà mon avis. Je pense bien d’ailleurs que l'opulence toute relative des lieux cache, bien mal, une organisation déplorable. Parce qu’aussi bons puissent être les repas… Il n’est pas décent de nous laisser vivre dans ce taudis.
Le rouquin manequin s’empêchait tant bien que mal de gesticuler pour appuyer ses dires et de rester sagement immobile. Il en avait même baissé d’un ton, comme si être aussi proche de Vail l’obligeait à souffler tout cela sur le ton des confidences. Parfois il ouvrait un œil sur lequel le maquilleur ne travaillait pas pour voir son expression concentrée. Il était beau à couper le souffle, à se pencher, le fixer, se concentrer sur son travail. Capucin en aurait parié son dressing que si Vail apercevait les oeillades qui le dévisageait il en aurait rougit aussi vite qu’un néerlandais sous le soleil du midi. C’était certain que le petit nouveau était facile à déstabiliser. Capucin savait de toute manière que ce serait son nouveau jeu préféré: le déstabiliser. D’ailleurs ça lui brûlait les lèvres de lui révéler le fond de sa pensée mais un petit quelque chose le retenait. Une sorte de lien ténu, comme un fil de soie recouvert de rosée, cette rosée là qui pourrait être la confiance qu’accordait le cornu à Capucin, éphémère, juste assez visible pour mettre en relief le lien qui se tissait doucement, si difficile à étoffer et si aisé à briser. Pour une fois, Capucin ne fit rien, parce que ce fil de soie, il avait décidé de le saisir pour voir où ça le mènerait. Vers de nouvelles choses bien plus passionnantes il en était sûr.
— J’ai bien l’impression mon cher, qu’ici aussi les paillettes, les dorures et parures cachent une crasse et une misère profonde. Pas forcément celle que l’on entend avec les mendiants au coin des rues et les ouvriers perclus aux trois-huits… tu sais cette misère qui s’imprègne dans l’esprit, celle qui te laisse là, à flotter dans ce que tu crois savoir, ce que tu crois avoir droit, tu crois être. Je peine à trouver mon idée, je ne sais pas si ça te parle ?
Il se laissait aller aux mains expertes, profitant des effleurements des pinceaux et de cette promiscuité qui aiguisait les sens. Sa peau commençait à le démanger, son visage le tirait et son dos le tiraillait mais il n’osait pas bouger et surtout pas asperger l’oeuvre en cours et encore moins la robe magnifique qu’il portait. Le poulpe mettait de côté cet inconfort pour se concentrer sur la voix profonde face à lui.
— Oh je vois… Et à la fois, je crois être ton parfait opposé. Je ne recherche qu’à m’éloigner de ce qu’est ma famille tout en profitant de ce que cela m’apporte. Je n’ai pas envie d’être dans cette idée capitaliste de rentabilité, j’ai envie de voir la mode comme plus éphémère que ce qu’elle ne l’est déjà. Comme si une tenue ne pouvait être celle que d’un jour voir un instant. J’ai envie que les vêtements hurlent au monde un état d’esprit, une envie, un trait de caractère, un amour, une haine. J’ai envie de faire exploser les rétines du monde sous un milier, un milliard de couleurs, de lumières, de textures.
Il se mettait à rire, se reculant un instant pour fixer Vail, voir en lui ce qui peut être résonnait dans sa poitrine, cette passion, cette envie d’être le futur, de modeler ce chemin que personne ne voulait qu’il emprunte. Un sourire et un regard de défi intimait au grand brun de le suivre sur cette voie. Et immédiatement il se remettait sagement sous les doigts experts pour la suite des préparatifs.
— À vrai dire, si l’harmonie des couleurs du maquillage fonctionne comme la mode et les vêtements je suis sauvé mais ce qui pêche chez moi c’est la gestuelle. Je n’ai aucune foutue idée de… eh bien… comment faire? Je sais ce qu’est un fard à paupière mais absoluement pas comment l’appliquer correctement, il en va de même pour le mascara, le liner, le rouge à lèvre… Enfin tu vois le tableau !
Le poulpe lui adressait un sourire d’excuse. Un pardon pour une ignorance inoffensive, un fil qui venait s'emmêler au premier pour étoffer ce lien, lui proposer d’aller juste un pas plus loin, partager quelque chose, un savoir en plus d’un essayage. Les yeux de Capucin se baissaient sur la palette, devinant les couleurs prises, appréciant les choix, essayant de deviner le résultat. Il se relevaient curieux pour observer ceux singuliers de son maquilleur. Beaux mais cachés derrière ces lunettes et pour autant parés eux aussi d’une poudre magnifiante.
— À en juger par ce qui couvre tes paupières, tu me sembles bien doué. Et à en juger par ta gestuelle, ce que je porte, ce que tu fais… Tu minimises à bien des égards tes dons. Tu ne devrais pas mon ami…
Brusquement Capucin se reculait, pris par un étourdissement soudain. Le manque d’eau à n’en pas douter mais il n’osait pas bouger, pas sans briser le fil. Il n’y tenait pourtant plus, sa peau le brûlait, il la sentait se craqueler sur ses reins. Ses cheveux habituellement flamboyants devenaient ternes et sa peau se colorait d’une teinte grisâtre appuyant son état.
— Dis… Tu n’aurais pas un verre d’eau Vail ? Il fait une chaleur impressionnante ici non ?