Hello stalker, I'm doing fine || ft. Lynn ♥

Il y a-t-il eu une journée où tu n'avais pas les boules en c'moment ?
Tu crois pas.

Pourtant t'étais censé passer l'meilleur matin de ta vie. T'avais pas cours. Enfin non, t'avais surtout séché parce que t'en avais ta claque. Plus l'temps filait, plus tu te surprenais à détester ce que tu faisais. T'as toujours aimé l'fric, le pognon. Alors des études là-d'dans c'était plus qu'évident. T'étais heureux là, à compter les p'tits zéros, à faire des p'tits calculs sur fond d'lois et d'traités. Alors pourquoi t'avais cette boule au bide ? Pourquoi tu fuyais ces cours qui t'ont si longtemps suivi ? Parce que t'en avais plein l'cul, Bal. Plein l'fion. C'est pas ça qu'tu veux. Non, non, non. C'pas ça ton rêve. Ton objectif. Tu veux pas crever comme un simple connard radin. T'veux crever comme un connard d'radin astronaute. Mais t'as peur. De t'foirer. De foutre en l'air un si bon parcours pour juste ce que tous nomment un caprice.

T'es bigleux, con comme tes pieds, qu'est-ce que tu deviendrais astronaute, toi ? Tes vieux te l'ont dit. Tous te l'ont dit. T'as pas les épaules pour porter c'te belle combinaison. Bordel, elle t'en ferait chialer, cette suite spatiale. T'adores l'argent mais plus que la thune, t'aimes les étoiles. L'espace, l'inconnu. Tu voulais ouvrir une banque dans l'espace, allier tes deux passions. Mais plus l'temps passe, plus tu t'dis que c'était juste des conneries. C'est l'un ou l'autre. Et aujourd'hui t'as l'coeur dans les talons à remettre ta carrière future en jeu sur un coup d'tête. Cette île de débiles, ils ont un beau cursus pour ça après tout. Cette île de merde, elle pourrait t'offrir le parcours de tes rêves. Mais t'as peur, Bal. T'as putain de peur. Alors t'es parti vadrouiller au centre, parti chercher du matos pour veiller les étoiles ce soir. T'as pété ton télescope. T'avais trop les boules et t'avais rien d'autres à foutre en l'air à c'moment donné. Tu l'aimais bien, c'était un peu le vieil ami d'une vie.

Il est foutu à présent. Abandonné près d'ton bureau, du grossier scotch jaune fluo autour pour tenir la lunette au trépied. Tu l'gardes tout de même. Il est comme ton rêve ; vieux, démodé, brisé mais toujours axé vers les étoiles. Alors t'essaies d'y croire. C'est ton bébé en main que tu sortais d'un pas rapide de la boutique. Les gens te gonflaient. T'avais eu le choix entre Jean-Claubert, chiard de six ans qui hurlait partout sa mère en montrant les zolies zétoiles et baaaaah un zoleil ze veux, ze veux, ze veux !! mais va crever sale merdeux. Les gamins, tu les détestais. Tu pigeais pas leur utilité. Économiquement, ils sont pas viables et puis la planète a déjà trop d'crétins sur l'dos. Et puis t'avais Marinette-Huguette de la Poutrecassée qui venait « acheter un cadeau digne de ce nom pour son mari Hugotin de la bitetordue honhon », sans compter les rares nerds en ton genre qui oscillaient entre pleurer ou hurler à autrui de fermer son clapet à merde.

T'étais dehors, pieds sur les pavés quand tu la vis.
Encore elle.

Tatatata... Vraiment ? C'était c'te gamine, blondasse-blanchasse de ch'veux qui te suivait partout. T'avais pas arrêté de la croiser ces derniers temps. Toujours au même moment, quand toi t'étais là. Toujours derrière toi. Et si... C'tait l'URSS (elle n'est jamais morte) qui t'envoyait sa black widow russe pour t'tuer car t'es un bon citoyen amerloque ? Car t'es d'une famille d'richoux banquiers qui t'coulent le cours de l'économie juste avec leurs grosses couilles ? C'était forcément ça ! AH ! GRILLEE L'ESPIONNE ! Elle ne t'auras pas ! Tu prenais un virage dans une petite ruelle, prêt à la confronter. Faudra qu'elle te paye cher pour que tu trahisses ton pays. C'est qu'elle était venue en plus ! Elle s'en cache même plus ?! Tu la pointais du doigt, rangeant ton nouveau télescope dans ton dos.

« JE SAIS QUI TU ES, SUPPOT DE POUTINE ! TU NE M'AURAS PAS EN VIE ! »

Parce que ouais, t'avais un plan. Lui foncer d'ssus, la tabasser avec ton nouveau joujou (tant pis) et fuir comme une merde aussi loin qu'tu pouvais. Sinon juste enjamber l'mur derrière toi. C'plus simple, aussi.