Miké B.L. DOURGAN

Miké, il n’est pas très difficile à comprendre : il n’en a rien à foutre du monde. Ce qui compte ? Lui et lui seul. Il n’éprouve aucune sympathie pour qui que ce soit, et si tu ne lui es d’aucune utilité, n’espère même pas avoir un regard de sa part.

Miké a-t-il déjà eu l’occasion de construire une véritable relation avec autrui ? Non. Et c’est le cadet de ses soucis. Il n’y a rien de plus important que la science et la compréhension de sa personne. Le reste, c’est secondaire. Cela étant, il est quand même obligé de te soigner. Alors si t’es malade, tu peux toujours aller sonner à sa porte. Fais juste attention deux fois aux doses qu’il t’injecte.

Miké, il aime être tout seul. Le monde le gêne. Alors zou, très vite. Ne le dérange pas trop longtemps.

Miké, il ne l’avouera pas, mais il adore regarder des tutos youtube sur tout et n’importe quoi. Mais toujours par simple curiosité scientifique, n’est-ce pas ?

Miké, bizarrement, il a toujours eu un certain succès, que ce soit avec les filles ou les garçons. Son côté mystérieux à la Edward Cullen lui a amené un petit fan club à Paris. Il ne devait jamais aller bien loin quand il avait des besoins à assouvir.

Miké, parfois, il s’ennuie. Si tu es intéressant et que tu attises sa curiosité, tu peux toujours tenter d’aller titiller sa personne. Il y a moyen qu’il lève un sourcil.

Miké, il a un chat. Vladimir. C’est son chéri. Pas touche.

Miké, s’il t’entend le comparer à Dracula, il mettra de l’arsenic dans ton café. Sans rire. N’y pense même pas.

Miké, s’il t’entend faire une blague sur son prénom, il mettra du cyanure dans ton thé. Sans blague. Réfléchis-y à deux fois.

Miké, au fond, ce n’est pas au mauvais gars, si? La composition de son corps, les différentes capacités des gens sur l’île le font réfléchir au sens de la vie et à la véracité de certaines religions. Alors, juste au cas où, ça lui arrive de faire des bonnes actions. On ne sait jamais qu’il doive gagner son paradis.

Miké, il adore la nourriture. C’est la nourriture qui ne l’aime pas. Tu veux le mettre en rogne ? Viens manger devant lui.

Miké, ce n’est pas le genre de gars que t’as envie de croiser à 2h du matin en rentrant chez toi. En fait, ce n’est pas le genre de gars que t’as envie de croiser, tout court. Pourquoi ? Parce que, putain, il fout vraiment les jetons. En fait, toute son histoire est marquée sur son visage ; tu vois directement qu’il n’a pas eu beaucoup de chance dans la vie.

Sans parents, entre les quatre murs d’un orphelinat à Paris, il a grandi très très vite le gamin. Son nom ? Il le tient du directeur de l’orphelinat par simple formalité car personne ne l’a jamais adopté. Il a toujours su que personne ne voulait de lui : alors qu’est-ce qu’il pouvait bien faire le p’tit ? Tout simple, il a appris à vivre sans personne. Ça a toujours été lui contre le monde. Ça fonctionne très bien comme ça. Ça fonctionnera toujours très bien comme ça. Miké, ce n’était pas un morveux.

Miké, il ressemble à un cadavre. Et en plus, il ne saigne même pas.

Ça, ce n’était pas faux. Il savait qu’il n’était pas très joli à voir. Il n’était pas moche, il faisait juste peur. Sa peau était grise, des cernes venaient ternir profondément ses yeux injectés de sang. C’était bien le seul endroit où il en avait, d’ailleurs. Miké, on l’avait souvent traité de vampire. Sa peau n’avait jamais pu supporter le soleil ; il ne vivait que la nuit. Mais ce n’était pas une sorte de créature suceuse de sang. Néanmoins, il y avait un véritable problème chez lui. Il avait quelque chose de spectaculaire. Parce que son corps était... Différent.

Son corps, c’était juste une masse.

Oh, ça il l’avait compris très vite. Il ne ressentait pas la douleur.

Pour les âmes sensibles:

. Il n’était que ça : de la matière imitant les organes d’un être humain lambda. Mais il n’était pas comme eux, il était loin d’être comme eux. Il avait grandi avec cette idée.

Était-ce pour cette raison que l’anatomie humaine le passionnait autant ? D’une certaine manière, elle lui avait permis de faire des expériences sur son propre corps. Elle lui avait permis de comprendre comment ses cellules avaient pu copier à la perfection celles de chaque membrane humaine. Fascinant. Il trouvait son corps -s’il pouvait appeler cette chose ainsi- fascinant. Alors, il l’avait étudié, lui infligeant tout un tas d’expériences. Dans quel but ? Combler un vide. Trouver une faille. Il n’en savait rien. Personne ne pouvait répondre à ses différentes interrogations. Il avait eu de la chance que l’orphelinat ne soit que trop négligent. Il avait eu de la chance de ne jamais avoir été obligé d’aller chez le médecin. Parce qu’ils auraient vu aussi, qu’un truc clochait. Et qui sait ce qui serait arrivé ?

Les connaissances de Miké en médecine étaient hors normes et il acquit un diplôme d’infirmier très tôt. Il aurait certainement pu être médecin, il n’en doutait pas. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Il voulait pouvoir rester dans l’ombre, tranquille, à mettre au point des petites expériences… qu’il pourrait tester sur des patients un peu étourdis.
Il en avait fait, des choses pas correctes.

Pour les âmes sensibles:

, Miké avait une longue liste de méfaits derrière lui alors qu’il n’avait qu’une seule année d’exercice à son actif. Mais attention, c’était toujours pour la science.

Peut-être avait-il été trop bavard un jour, trop vantard ? Sa mise en examen avait été prononcée. Ils allaient venir chez lui, tout fouiller, tout bazarder. Il était coincé.

Alors quand on l’invita à venir travailler à Merille, comment aurait-il pu refuser ?