On veut du silence ! || PV Zena

Ce matin-là, je me réveillai avec un début de migraine.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’avais retrouvé mon casque lié par bluetooth à mon téléphone sur le sol de la chambre. Heureusement que j’ai hérité d’un lit qui n’est pas en hauteur, sans quoi je ne sais pas dans quel état je l’aurais retrouvé… Malgré ce petit point positif, je n’étais pas de bonne humeur et mes maux de tête n’étaient pas de ceux que je supporte. Les pensées de mon colocataire juste au-dessus de moi ne cessaient de me parvenir en force en même temps que quelques grognements et ronflements.
“Oh non~ Pas ici…”
“Ce que tu peux être belle~”
En regardant l’heure très matinale à laquelle je venais d’être tiré de mon sommeil censé être réparateur, je ne pus m’empêcher de lui en vouloir très fortement d’avoir des pensées aussi tordues. Le pire c’est que cela m'excitait et que je ne le voulais pas.

Pensant que mieux valait me préparer pour les cours au lieu de tenter de me rendormir juste pour dix ou vingt minutes, je m’habillai avec les premiers vêtements de sport qui me vinrent dans mon placard. Contrairement à certains mecs dont je ne citerais pas le nom, je suis plutôt ordonné. Mes vêtements propres sont pliés et rangés sur les étagères disponibles, les sales sont dans un sac que j’utilise spécialement pour ça et chacune de mes affaires a une place qui lui est dédiée. Je n’aime pas le désordre, même si je tolère celui des autres. Bon, et quand je ne suis pas d’humeur il m’arrive de me laisser aller, comme tout le monde.
Bref…
C’est donc vêtu d’un jogging et d’un tee-shirt sombres que je m’assis sur mon lit afin de mettre mes chaussettes. Cela fait, je fis mon lit rapidement. Je n’eus pas besoin de lumière, celle du matin filtrant assez à travers les volets pour me permettre de voir comme s’ils étaient ouverts. Une dernière vérification des affaires présentes dans mon sac me permit d’ajouter le livre de mathématiques que j’avais oublié la veille au soir. Puis, baskets en main, je sortis silencieusement de la chambre, fermant la porte derrière moi. Rien de mieux qu’une bonne course pour me changer les idées avant le petit déjeuner.

Je revins alors que tout le monde se réveillait à peine.
Je me maudis de ne pas avoir pris mon portable avant de partir. Comme si tout le monde s’était donné le mot, je croisai pas mal de mecs allant d’une chambre à une autre, passant donc près de moi comme pour partager leurs pensées avec moi. Ma migraine qui s’était atténuée revint alors en force. Je n’aime pas l’avouer, mais j’étais de méchante humeur à cause de ça.
Dans la chambre, je troquai mes vêtements de sport contre un jean et un tee-shirt propre surmonté d’un sweat sombre. Mon casque sur la tête, je mis la musique au maximum autorisé par la technologie que je tenais en main, pris mon casque, et allai manger quelque chose sans parler à quiconque.
J’aime boire un macchiato le matin, quitte à me le faire moi-même avec ce qui est proposé. Malheureusement, je ne pus en avoir. Il faut croire que le vendredi est le jour de la pénurie de café, à moins qu’ils ne se soient rendu compte que les mineurs en boivent beaucoup trop. Dans tous les cas, c’est résigné que je pris du thé pomme-cannelle avec quelques tranches de pain et une plaquette de beurre. Je mangeai le tout rapidement pour rester le moins possible dans cette immense salle pourtant assez pleine à craquer pour devoir supporter les pensées de toutes les personnes autour de moi.
J’avais mal à la tête…

Mes deux premières heures de cours furent très compliquées.
Même si j’adore les math, c’est très compliqué de suivre quand on a une migraine carabinée qui ne s’améliore pas avec le temps. Au contraire, elle empirait toujours un peu plus. Je crois même que je me suis fait reprendre par un de mes professeurs, peut-être celui de Physique-Chimie, qui s’est aperçu que je ne suivais pas. Il n’avait pas tort.
Enfin vint la demi-heure de récréation. Comme j’avais une heure de libre avant mon dernier cours, j’en ai profité pour me rendre à la bibliothèque. J’avais un devoir à terminer pour le cours d’anglais du lendemain. J’avais initialement prévu de le terminer la veille au soir, mais impossible de me concentrer avec les emmerdeurs qui sont passés par la chambre… Normalement il ne devrait pas y avoir de problème dans un lieu réputé pour son calme. Enfin… pour moi, le problème reste entier s’il y a beaucoup de monde près de moi.

Heureusement, il n’y avait presque personne.
Je m’installai donc sur une table près de la section réservée aux langues étrangères. Non loin de moi, les ordinateurs étaient allumés pour les élèves ayant besoin d’outils informatiques pour des recherches ou des devoirs. Il m’arrive parfois d’aller dessus pour ma spécialité. Il fallait d’ailleurs que je révise les cours que nous avions vu cette semaine.
Je pensais que j’allais pouvoir terminer en toute tranquillité quand, peu après le début de la troisième heure de cours, une bande de jeunes que j’imaginais être au collège s’est mise à faire du bruit. Ils étaient installés sur les ordinateurs et m’avaient paru travailler. Pourtant, à ce moment, ils étaient en train de rire à gorge déployée et parlaient de Facebook et de ce qu’il se passait dessus.

Au bord de la crise de nerf, je me levai pour les rejoindre.
Je n’étais pas seul, une jeune femme blonde qui me semblait jeune aussi ayant eu la même idée que moi.
L’un des garçons de la bande ouvrit la danse en me regardant fixement :

- Regardez les gars ! Un cassos est venu nous rendre visite. “Qu’est-ce qu’il nous veut ce fils de pute ? Il casse le délire, là !”

- Il veut p’t’être se joindre au délire ? “J’ai trop envie de le ridiculiser ce p’tit con. Ça va être marrant! “

- I especially want you to shut up.

- Eh ! On parle pas l’anglais ici. “Il s’prend pour un intello en plus !”

Je pris une grande inspiration en retirant mes lunettes avant de répéter en français, en détachant chaque syllabe comme s’ils étaient incapables de comprendre si je venais à parler trop vite :

- J’ai dis : Je veux surtout que vous la fermiez.

Puis, sur un rythme un peu plus rapidement pour ne plus perdre plus de temps, je repris :

- Si vous voulez juste jouer, il y a d’autres endroits pour ça. Ici, il y a des gens qui bossent. Ah ! Et je ne suis pas un intello, bande d’ignares.