Y.O.L.O || ft. Titi l'canari

T'sais pu pourquoi t'étais monté à la base.
Probablement pas pour admirer votre bitapin qu't'avais toujours pas poncé sur sa porte.
Et probablement pas pour l'entendre retourner son appart' en hurlant.

Tu t'sentais con. Très con.
Vraiment méga con.

T'étais là comme un teubé derrière sa porte d'entrée, les bras ballants à attendre qu'la tempête passe. T'étais là, à checker sa valise qu'elle n'avait même pas pris la peine d'rentrer chez elle. Elle était censée revenir bien, non ? Elle t'avait dit aller voir des potes, des proches, t'sais pu. Bref, des gens bien. Alors pourquoi t'entendais ton p'tit canari hurler à s'en crever les cordes vocales ? Pourquoi ça t'laissait pas de marbre, la main sur la poignée. T'étais v'nu pour quoi d'jà ? T'étais censé faire quoi dans c'genre de situations ? On t'avait jamais expliqué comment gérer un canari furax. Alors t'attendais. T'attendais que l'silence s'fasse et tu rentrais doucement, traînant la valise derrière toi ainsi qu'la boîte qui était avec. Une drôle d'boîte avec plein d'trucs de gosses, ce genre d'vieux souvenirs qu'une arrière-grande-tante crevée t'as laissé. Et ton cerveau faisait l'lien. Aussi foireux était-il, aussi tordu était-il... et si Titi elle v'nait d'perdre quelqu'un ?

T'espérais pas car t'étais le dernier des abrutis pour remonter l'moral sur ça. Mais vu les affaires et c'petit album photo avec l'écharpe là, t'faisais pas grandes illusions. T'restais silencieux un temps, parcourant l'désordre des yeux, l'coeur quelque part sous terre. T'sais pas pourquoi, ça t'faisait chier pour elle. T'sais pas pourquoi, ça t'faisait mal pour elle. Titi, elle méritait pas ça. Y'avait dans c'monde tout un tas d'ordures comme toi qui l'méritait et qui savait encaisser mais pas elle. Pas Titi. Alors fallait que t'agisses vite. Tu déplaçais parmi l'champ d'bataille, traînant comme un poids mort c'te valise et sa boîboîte. Qu'est-ce que tu pourrais faire pour lui changer les idées, à Titi ? T'allais pas sortir le florilège « keskivapaaaaas ma chériiiiie hanlalalala » purement hypocrite du vas-y j'me branle sur ton malheur-hooon. Nan. C'tait pas toi, ça. Toi, t'étais con et pas doué en psychologie. Encore moins dans celle féminine et dans des cas comme ça où truc-muche est crevé. Tu v'nais te masser le nez, ton cerveau tournant au ralenti. Qu'est-ce que tu pouvais faire toi ? T'avais bien un truc que t'étais capable de faire ? Soit pas si débile, Bal, y'a forcément une solutio-

Bingo.

Tu sortais ton portable, te perdant un long moment d'ssus.
Puis tu tirais une moue.
Tant pis.

A présent l'plus dur, c'tait d'aller chercher ton déchet favori. T'savais qu'elle était dans sa chambre, alors tu v'nais avec sa valise, déposais la boîte aux souv'nirs sur son bureau et restais un instant stupide face à cette silhouette en boule qui serrait ta peluche glace bien trop grande pour elle. Et ça t'faisait un truc. T'avais juste envie d'aller péter la gueule au karma ou t'sais pas c'est quoi son prénom mais l'débile qui avait fait qu'Titi elle était comme ça. Sans un mot tu v'nais dépiauter sa valise, virant les affaires jugées inutiles pour en fourrer d'autres à la place. Plus hautes en couleurs, plus vivantes comme Titi l'est. Tu tassais tout, parce que ranger une valise, c'pas ton fort. Tu v'nais y garder son bordel pour ses soins, ses cheveux, parce que ça aussi t'y connaissais pas grand chose. Puis tu v'nais fermer la valise, posant ton cul d'ssus pour poser ton regard sur l'cadavre bicolore.

« Eh Titi, bouge ton cul. On part pour Monaco. Notre train est dans deux heures. »