Raton-pilleur, mais mignon.

Date d'inscription : 02/09/2021

L’aube commençait à se répondre, peignant d’une nuée aux teintes rose-grise le manteau du ciel parsemé de quelques étoiles, marquant un nouveau lever de rideau sur l’humanité. Un doux spectacle offert à ce dernier, une harmonie emplie de sérénité et de tendresse se diffusant dans le ciel, que Zhúzi admirait vêtue de ses robes d'intérieur les mains derrière le dos tout en déambulant sans itinéraire en tête dans les rues encore vides.

Ses prunelles grises contemplaient en silence cette toile dont sur l’horizon se dessiner, dansé, des volutes, des spirales, des arabesques chatoyant avant la naissance intégrale de l’astre solaire aveuglant. Chaque weekend ou jour de congé Zhúzi ne manquait jamais ce spectacle, car il n’y avait qu’à cet instant de la journée où il pouvait marcher et fixer le ciel de jour avec clarté sans être sous une ombrelle et avoir mal aux yeux au point de les plisser pour y voir nettement.

Comme s’il n’avait jamais eu sa sensibilité à la lumière du soleil, comme s'il était en pleine santé.

Un sourire d’allégresse flotté sur son faciès lui donnant un côté enfantin, et l’air qu’il fredonnait à la manière d’une vieille personne contrebalancée le tout. Son attention fut retenue par quelque chose à côté des ordures et sa démarche calme, mais aux pas rapides, presser, cesse.

Cela ressemblait à un animal, Zhúzi s’approcha en silence pour identifier de plus près la bête. Ce qu’il avait pris pour un gros chat était un raton-laver dormant dans les ordures. Zhúzi s’accroupit face à l’animal endormi le détaillant mieux, cherchant du regard s’il n’était pas blessé ou sembler malade, espérant que ce n’était pas le cas.

Le regard brillant d’une certaine tristesse, délicatement, dans une infinie précaution, il ramassa l’animal le calant contre son torse comme en tiendrait un enfant endormit. Les mots n’étaient pas suffisamment forts pour retranscrire et résumer sa souffrance voyant une vie, une âme, dans les ordures.

Zhúzi rebroussa le chemin jusque chez lui dans une démarche aux pas calme, non sans caresser tendrement le raton pour le réchauffer un peu du froid matinal. Il n’avait que faire de l’odeur nauséabonde des déchets.

Arrivé à la maison, il déposa l’animal sur le canapé et le couvrit d’un plaid, puis enfila un tablier avant d’entamer la préparation d’un petit-déjeuner copieux. Sans oublier de bien se laver les mains avant.